Le Premier ministre Srettha Thavisin a démenti les rumeurs selon lesquelles il démissionnerait ou dissoudrait la Chambre des représentants avant que la Cour constitutionnelle ne rende son verdict dans une affaire qui pourrait entraîner sa destitution pour avoir nommé le politicien controversé Pichit Chuenban au poste de ministre au sein du cabinet du Premier ministre.
“Je n’ai jamais envisagé de démissionner ou de dissoudre la Chambre des représentants. Laissons la procédure légale suivre son cours. Je ne pense jamais à fuir”, a déclaré Srettha Thavisin le 14 juin.
“Lorsque les juges posent des questions, j’ai le devoir de répondre et de respecter leur décision”, a-t-il ajouté, précisant qu’une équipe de ses avocats avait soumis une liste de témoins supplémentaires à la Cour.
L’affaire contre Srettha Thavisin a été lancée par un groupe de 40 sénateurs qui, en mai, ont demandé à la Cour constitutionnelle si le Premier ministre et M. Pichit devaient être démis de leurs fonctions en vertu de l’article 170, paragraphes 4 et 5, de la charte, qui traite de l’éthique des ministres.
Pichit a démissionné juste avant que la Cour n’accepte la requête, ce qui a été perçu comme une tentative de préserver le premier ministre thaïlandais d’une querelle juridique.
La Cour a accepté d’entendre l’affaire contre Srettha Thavisin mais a rejeté celle contre Pichit en raison de sa démission.
La Cour a demandé aux parties concernées de soumettre leurs listes de témoins et de preuves d’ici lundi prochain, avant d’entendre l’affaire le lendemain.
Srettha Thavisin pourrait perdre son poste si le tribunal se prononce contre lui. Toutefois, ses chances de gagner l’affaire se seraient améliorées depuis qu’il a nommé le spécialiste juridique Wissanu Krea-ngam comme conseiller.
M. Wissanu, dont la première tâche a été de vérifier les détails de la défense du Premier ministre, a déclaré en début de semaine que celle-ci couvrait à la fois les faits et les questions juridiques préparées par le secrétariat du Premier ministre et le Conseil d’État.
L’ancien vice-premier ministre a précisé qu’il n’avait pas rédigé la défense du Premier ministre, mais qu’il avait participé à l’examen des documents avant leur soumission à la Cour le 7 juin.
La nomination de Pichit – ancien avocat de l’ex-premier ministre Thaksin Shinawatra et conseiller de Srettha – au poste de ministre a soulevé des questions sur son éligibilité. En effet, Pichit avait été condamné à une peine de prison pour tentative de corruption en 2008. Le 25 juin de cette année-là, la Cour suprême l’a condamné, ainsi que deux de ses collègues, à six mois de prison pour avoir tenté de corrompre des fonctionnaires du tribunal avec 2 millions de bahts en espèces.
Yuttaporn Issarachai, professeur de sciences politiques à l’université ouverte Sukhothai Thammathirat, a souligné l’importance des affaires pendantes devant la Cour constitutionnelle ce mois-ci.
“L’issue de ces affaires pourrait modifier le paysage politique”, a déclaré M. Yuttaporn. Si Srettha Thavisin est démis de ses fonctions, un nouveau Premier ministre sera élu par le parlement et une nouvelle alliance politique pourrait émerger pour former un nouveau gouvernement de coalition, a-t-il ajouté.
Le 18 juin, la Cour constitutionnelle entendra également l’affaire contre le MFP, qui pourrait potentiellement aboutir à la dissolution du parti.
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