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THAÏLANDE – POLITIQUE: Peur des activistes en exil après l’enlèvement de Wanchalearm Satsaksit

Journaliste : Rédaction
La source : Gavroche
Date de publication : 10/06/2020
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Vont-ils, à leur tour, être victimes de tentatives d’enlèvements ? Doivent-ils redoubler de précautions ? Une chose est sure: le kidnapping de Wanchalearm Satsaksit, survenu à Phnom Penh le 4 juin en pleine journée, est interprété comme un avertissement très sérieux par les activistes thaïlandais en exil à l’étranger. En France, où Gavroche a pu contacter plusieurs d’entre eux, la peur est réelle. «Nous ne croyons pas à l’enquête que la justice cambodgienne a promis de mener» nous a expliqué un dissident thaïlandais, convaincu que les ramifications de cet enlèvement se trouvent du coté de Bangkok…

 

«Soit il s’agit d’un enlèvement crapuleux, et nous l’apprendrons bientôt. Soit il s’agit d’un kidnapping politique, et son corps ne sera jamais retrouvé». Le dissident Thaïlandais qui nous parle ainsi au téléphone est basé à Paris. Pour lui, l’enlèvement le 4 juin à Phnom Penh (Cambodge) de Wanchalearm Satsaksit, ancien des «chemises rouges», a «inévitablement» des ramifications à Bangkok. Lesquelles ? L’intéressé avoue ne pas avoir d’indications. Mais pour lui, les jours à venir parleront d’eux mêmes: «Qui peut avoir intérêt à enlever en plein jour un activiste ? S’il n’y a pas de demandes de rançon, ou si Wanchalearm ne reparait pas, il faudra bien se rendre à l’évidence: nous sommes en face d’un crime politique». Les disparitions d’opposants, rappelons-le, restent fréquentes en Thaïlande.

 

Longue liste d’activistes disparus

 

Bien avant l’actuel gouvernement, la liste est longue des activistes disparus, comme l’avocat Somchai Neelapaijit, président de l’Association des juristes musulmans de Thaïlande, que l’on n’a jamais revu depuis 2004. Son épouse Angkhana, devenue ensuite Commissaire aux droits de l’homme avait démissionné en aout 2019 après avoir reçu le prestigieux Prix Magsaysay. Elle avait alors écrit, dans une lettre rendue publique, que son environnement de travail «ne permet plus un travail constructif et ne permet plus une protection systématique des droits de l’homme en Thaïlande». Angkhana avait été en décembre 2018 invitée à Paris pour le Forum sur la paix organisé par le gouvernement français.

 

Qui pouvait avoir intérêt à réduire au silence Wanchalearm Satsaksit ? Sa stature publique d’opposant politique n’était en effet pas aussi importante que celle de l’historien Pavin Chachavalpongpun, critique forcené de la monarchie, ou de Jaran Ditapichai, réfugié en France ? Il est toujours difficile, dans les méandres de la politique thaïlandaise où les coups bas demeurent légion, de tirer trop vite des conclusions. Mais la peur qui se répand parmi les opposants accrédite pour l’heure une thèse: celle d’un kidnapping en forme d’avertissement.

 

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