Wanchalearm Satsaksit a été enlevé par des hommes armés devant le Mekong Garden Apartment dans la capitale cambodgienne le 4 juin 2020. Plusieurs ambassades, telles que celles d’Allemagne, de Suisse, du Danemark, du Royaume Uni et de la Nouvelle Zélande ont toutes soulevé les mêmes questions dans leur message commun pour cet anniversaire – que feraient les gens si une personne qu’ils aiment disparaissait soudainement.
Une analyse de Philippe Bergues
« Est-ce qu’ils vous manqueraient ? Supporteriez-vous de savoir ce qui s’est passé ? Feriez-vous tout ce qui est en votre pouvoir pour la retrouver ? Voudriez-vous que justice soit faite ? » Et les Ambassades de poursuivre ainsi : « La Thaïlande n’est pas le seul pays à souffrir du problème des disparitions forcées. Des centaines de milliers de personnes se sont volatilisées, généralement pendant des conflits ou des périodes de répression, dans au moins 85 pays. En général, des agents de l’État ou des personnes autorisées par l’État sont soupçonnés d’être à l’origine de ces disparitions, au cours desquelles la victime est soit assassinée, soit torturée. Ces disparitions n’infligent pas seulement une grande douleur à la victime, mais aussi une souffrance à vie à sa famille et à ses proches. Elles constituent également une violation de toutes les lois internationales relatives aux droits de l’Homme ».
Portée symbolique
Il est à noter la portée symbolique de cette communication des représentations diplomatiques germanique et helvétique à Bangkok car la famille royale thaïlandaise a l’habitude de séjourner régulièrement dans ces deux pays.
Amnesty International déplore la lenteur de l’enquête au Cambodge et demande à la Thaïlande une justice impartiale « Les autorités cambodgiennes n’ont pas respecté leur obligation légale d’enquêter correctement sur la disparition forcée du dissident thaïlandais Wanchalearm Satsaksit », a déclaré l’organisation. Celle-ci exhorte les autorités thaïlandaises à lancer leur propre enquête indépendante sur la disparition du ressortissant thaïlandais, étant donné que l’enquête cambodgienne a manifestement échoué à établir le sort de Wanchalearm et le lieu où il se trouve. Amnesty a écrit le 4 juin une lettre ouverte au procureur général de Thaïlande afin de souligner les échecs de l’enquête cambodgienne et de demander au procureur général d’ouvrir immédiatement une enquête officielle avec le département des enquêtes spéciales sur la disparition forcée de Wanchalearm Satsaksit. Afin de préserver davantage l’indépendance et la crédibilité de l’enquête, Amnesty International recommande que celle-ci associe étroitement la Commission nationale des droits humains de Thaïlande
Afin que le cas de cette disparition soit traité de façon impartiale par la justice du royaume, Amnesty finit par une mise en garde pour écarter les autorités gouvernementales de cette affaire afin que le public connaisse la vérité : « à la lumière des accusations criminelles que les autorités thaïlandaises avaient déposées contre Wanchalearm, en plus de la tendance profondément troublante des disparitions forcées d’exilés thaïlandais dans les pays voisins ces dernières années, une enquête véritablement indépendante et libre de toute interférence gouvernementale est désespérément nécessaire »
Philippe Bergues