Les élections générales prévues en 2023 sont bien dans les esprits. Une équipe juridique de la Chambre des députés thaïlandais, a récemment affirmé que Prayut Chan-ocha pourrait exercer les fonctions de Premier ministre jusqu’en 2027. Ce, à deux conditions : qu’il soit candidat au poste, ce qui semble plus que plausible et qu’il obtienne une majorité parlementaire.
Le problème est que la constitution prévoit une durée de mandat maximale de 8 ans : faut-il prendre le début de mandat de Prayut à compter de 2014, date du coup d’État ou de 2019, date des dernières élections « victorieuses » pour son camp majoritaire ?
Un débat qui va être arbitré par la Cour constitutionnelle
Six partis d’opposition, sous la houlette du Pheu Thai, ont critiqué l’interprétation des juristes et ont promis de demander en août une décision de la Cour constitutionnelle sur le sujet. Pour eux, le mandat de Prayut doit se terminer le 24 août 2022 car la charte interdit à une personne de rester aux fonctions de Premier ministre plus de huit ans, que les mandats soient consécutifs ou non. Sans présumer ce que sera l’arbitrage, il ne fait guère de doutes que l’actuelle Cour constitutionnelle ira dans le sens de la majorité militaro-royaliste en place.
Prawit Wongsuwan, un soutien de poids pour Prayut
On connaît l’influence souvent déterminante de Prawit, actuel vice-Premier ministre et chef du parti majoritaire, le Palang Pracharat. Et frère d’armes, en tant que général, de Prayut au sein des « Eastern Tigers ». Ce n’est donc pas un hasard si Prawit a laissé échapper « qu’il aimerait servir avec Prayut jusqu’en 2027, si sa santé le permet ». N’oublions pas que lors du dernier débat de censure en août 2021, la position finale de Prawit avait été déterminante pour le maintien de Prayut comme chef du gouvernement. Alors que quelques dents longues du PPRP l’auraient bien vu renversé dont Thamanat Prompow à la tête de la fronde, limogé de son poste de ministre depuis. La lune de miel entre Prayut et Prawit semble donc se poursuivre.
L’inspiratioon du duo Prawit-Prayut est sans doute à chercher du coté de Prem Tinsulanonda. Le général Prem a exercé ces fonctions de 1980 à 1988 en
concluant une entente entre militaires et partis politiques dont l’objectif était la protection de la monarchie outre les prérogatives habituelles d’un gouvernement. Ce que certains experts académiques ont théorisé sous le nom de « premocracy ». Ce système, si l’actuel Premier ministre en reprenait pour quatre ans, pourrait alors se réincarner en « prayutocratie ».
Philippe Bergues