Le Parlement thaïlandais a approuvé vendredi 10 septembre un amendement constitutionnel qui modifie le mode d’élection des législateurs, un changement qui devrait attribuer plus de sièges aux grands partis au détriment des petits. L’objectif est de parvenir plus aisément à des majorités solides.
Le changement, adopté lors d’une session conjointe de la Chambre et du Sénat par un vote de 472 contre 33, avec 187 abstentions, entrera en vigueur après l’approbation attendue du roi Maha Vajiralongkorn.
Le système de représentation proportionnelle mixte approuvé vendredi donnera aux électeurs deux bulletins de vote distincts au lieu du bulletin unique utilisé lors des élections de 2019. L’un sera pour leur candidat favori dans les circonscriptions à siège unique, et l’autre pour le parti politique qu’ils soutiennent. Quatre cents membres de la Chambre seront élus directement, tandis que les 100 postes de la liste des partis seront répartis en fonction des votes de préférence des partis à l’échelle nationale.
Des clauses « antidémocratiques »
La constitution contient encore des clauses que les critiques accusent d’être antidémocratiques, notamment le pouvoir du Sénat non élu de voter conjointement avec la Chambre pour élire le premier ministre.
“Peu importe le système électoral que nous utilisons, tant que les sénateurs ont toujours le pouvoir de voter pour le premier ministre. Le système électoral est presque dénué de sens”, a tweeté Prajak Kongkirati, politologue à l’Université Thammasat de Bangkok.
L’actuel Premier ministre Prayuth Chan-ocha a pris le pouvoir en 2014 en menant un coup d’État en tant que commandant de l’armée. Il a été choisi par les chambres mixtes du Parlement pour être Premier ministre après les élections générales de 2019, auxquelles il ne s’est pas présenté.
Retour à la constitution de 1997
La modification apportée vendredi aux règles électorales est un retour au système mis en place par la Constitution de 1997, qui visait à désavantager les petits partis qui avaient une influence sur la formation de gouvernements de coalition en échangeant leur loyauté contre des postes au Cabinet, perpétuant ainsi un système de butin politique.
Ce changement a permis à Thaksin d’utiliser sa fortune pour faire entrer dans son propre parti des courtiers en pouvoir politique régional et de mettre en place ce que ses détracteurs ont qualifié de dictature parlementaire après sa victoire aux élections générales de 2001.
Thaksin a fui en exil après son éviction du pouvoir en 2006, mais sa machine politique a conservé son pouvoir et sa popularité. Une constitution de 2017 mise en œuvre sous un gouvernement militaire a établi de nouvelles règles électorales destinées à réduire l’influence de sa machine en handicapant les plus grands partis.
Résultats médiocres pour le parti pro-militaire
La charte de 2017 prévoyait 350 législateurs élus directement par leurs électeurs, et 150 sur les listes des partis, dans le cadre d’un système compliqué de représentation proportionnelle qui, grosso modo, attribuait les sièges en proportion inverse de ceux remportés par les partis lors du vote par circonscription.
Le système s’est retourné contre lui lorsque le parti Palang Pracharath, soutenu par les militaires, a obtenu des résultats plus médiocres que prévu en 2019 et qu’un nouveau parti réformiste s’est avéré plus populaire que prévu. Le Palang Pracharath a pu former un gouvernement, mais seulement en rassemblant une coalition désordonnée de petits partis.