Nous reproduisons ici notre portrait de Pita Limjaroenrat déjà publié le 13 juin 2023. Il vient, ce jeudi 13 juillet, d’être rejeté par le parlement et le sénat Thaïlandais pour le poste de premier ministre. Nouveau scrutin prévu le 19 juillet.

Un portrait de Philippe Bergues

Le chef du parti Move Forward, Pita Limjaroenrat est un homme aux multiples talents. Bien que son parti soit le deuxième plus grand parti d’opposition après le Pheu Thai, Pita s’est distingué au Parlement par la clarté de son argumentation en parlant sans détours et est rapidement devenu une étoile montante de la Chambre basse, dissoute en début de semaine. Son jeune âge, son image irréprochable et ses compétences ont fait de cet homme de 42 ans un nouveau visage politique très populaire à Bangkok. Une enquête d’opinion menée l’année dernière par l’Institut national d’administration du développement (Nida) a révélé qu’il était le premier choix des électeurs de Bangkok. Son parti, le Move Forward, s’est également souvent classé parmi les trois premiers dans les sondages nationaux menés par le Nida.

Un homme d’affaires de bonne famille, une éducation supérieure

Pita est entré en politique en 2019 à l’invitation de Thanathorn Juangroongruangkit, alors chef du Future Forward Party. Jusqu’à cette date, il avait un parcours d’homme d’affaires prospère avec une éducation solide. Né le 5 septembre 1980, Pita est le fils aîné de Pongsak et Linda Limjaroenrat. Il est également le neveu de Padung Limjaroenrat, un proche collaborateur de l’ancien premier ministre Thaksin Shinawatra. Pita est devenu le premier étudiant thaïlandais à recevoir une bourse d’études internationale de l’université de Harvard. Il a fait ses études primaires au Bangkok Christian College avant de partir en Nouvelle-Zélande pour ses études secondaires. Il est ensuite retourné étudier à l’université Thammasat, où il a obtenu une licence en commerce et comptabilité en 2002 avec mention très bien.

Ancien élève de la Kennedy School of Government de Harvard

Il a ensuite obtenu une maîtrise en politique publique à la John F. Kennedy School of Government de l’université de Harvard et une maîtrise en administration des affaires à la Sloan School of Management du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Après le décès de son père, Pita est retourné en Thaïlande pour prendre la direction de CEO Agrifood, une entreprise de production d’huile de riz et de son appartenant à sa famille. Il avait alors 25 ans. Sous sa direction, l’entreprise a repris pied sur le marché en l’espace de deux ans. Cela a permis à M. Pita de retourner aux États-Unis pour y obtenir un master en 2011. À son retour, il a également occupé le poste de directeur exécutif de Grab Thailand de 2017 à 2018.

Une entrée brillante en politique

Pita a fait ses débuts en politique en tant que député du parti Future Forward lors des élections de 2019. Il a remporté le siège en tant que quatrième représentant de la liste de son parti. En juillet 2019, il a prononcé un discours à la Chambre des représentants sur les problèmes rencontrés par les agriculteurs en Thaïlande. Il a utilisé la « théorie des cinq boutons » pour expliquer les problèmes de l’industrie agricole. En d’autres termes, il a appelé le gouvernement à se concentrer sur cinq questions clés, à savoir la propriété foncière, les dettes des agriculteurs, le cannabis, l’agrotourisme et les ressources en eau. Ce discours lui a valu les félicitations appuyées de nombre de ses collègues et du ministre de l’Intérieur Anupong Paochinda, appartenant pourtant à la majorité militaro-royaliste.

L’héritier de Thanathorn

Mais c’est au premier trimestre 2020 que Pita a réellement changé de statut avec la dissolution par la Cour constitutionnelle du Future Forward suite à l’obtention par le parti d’un prêt un prêt illégal accordé par Thanathorn Juangroongruangkit, alors chef de FFP. Et du bannissement de ses trois leaders, Thanathorn, Piyabutr Saengkanokkul et Pannika Wannich de leurs fonctions politiques. Deux semaines après la dissolution du Future Forward, Pita a été nommé chef du Move Forward Party et les 54 autres députés du parti dissous l’ont suivi. Il a été officiellement annoncé chef du Move Forward le 14 mars 2020. Pour ces élections à venir, l’objectif principal de Pita Limjaroenrat sera d’empêcher les partis des généraux Prayut et Prawit de s’accrocher et de rester au pouvoir, avec lesquels « aucune alliance n’est possible », a-t-il déclaré. En espérant au moins conserver le score des 81 députés élus dans son camp en 2019 et potentiellement, former un gouvernement de coalition avec le Pheu Thai.

Philippe Bergues

Chaque semaine, recevez Gavroche Hebdo. Inscrivez vous en cliquant ici.