Une analyse de Philippe Bergues
Indéniablement, le Move Forward Party a préparé toutes les hypothèses conséquentes au jugement du 7 août prochain qui sera rendu par la Cour constitutionnelle. Ce lundi 29 juillet, Sirikanya Tansakul, chef adjoint du parti et spécialiste des questions économiques, a déclaré que la politique thaïlandaise entrerait dans une nouvelle ère si elle était nommée chef de la réincarnation du MFP dans le cas où le parti serait dissous par décision de justice. « Il y aura une nouvelle dimension dans la politique thaïlandaise, contrairement au passé où la plupart des dirigeants politiques étaient des hommes » a-t-elle ajouté.
Sirikanya s’est dit prête à diriger le nouveau parti si cela était son choix. Car non seulement la Commission électorale a demandé la dissolution du MFP mais aussi l’interdiction aux dirigeants du parti de se présenter aux futures élections et de leur interdire de s’enregistrer ou d’exercer les fonctions de dirigeants d’un nouveau parti pendant 10 ans. Pita Limjaroenrat et Chaithawat Tulathon, figures du MFP, pourraient se retrouver dans la charrette des bannis pour avoir fait campagne sur la réforme du crime de lèse-majesté que le tribunal pourrait interpréter comme une tentative de saper la monarchie constitutionnelle avec le roi comme chef de l’État. Par contre, Sirikanya Tansakul ne serait pas visée par cette accusation ce qui lui permettrait de reprendre le flambeau d’une nouvelle formation.
Le Move Forward a déjà préparé l’après
« Si un incident fâcheux se produit, les membres seront prêts à déménager dans une nouvelle maison. Quoi qu’il arrive, nous serons bien préparés » a affirmé Sirikanya ce lundi. « L’esprit du Future Forward (le prédécesseur du Move Forward) et du Move Forward resteront intacts, quel que soit le nom du parti » a-t-elle ajouté.
« Si le MFP est dissous, la décision ne changera pas l’opinion des gens ni ne leur fera perdre espoir, car Move Forward est devenu une institution politique, quel que soit le nombre de changements de générations d’électeurs et de dirigeants du parti » a renchéri Sirinyaka Tansakul. Jusqu’alors, l’histoire lui donne raison, la dissolution du Future Forward et l’interdiction de politique de ses trois dirigeants fondateurs, Thanathorn, Piyabutr et Pannika Wanich n’a pas empêché d’avoir multiplié par plus de quatre le nombre de voix du parti « orange » entre les élections de 2019 et de 2023.
L’actuel porte-parole du MFP, Parit Wacharasindhu, (et par ailleurs neveu de l’ancien premier ministre démocrate Abhisit Vejjajiva), a déclaré qu’il pensait que la dissolution du Move Forward « permettrait à davantage de personnes de constater les irrégularités dans la société et de générer davantage de soutiens aux programmes sociaux et politiques du parti ». Y comprendre que la justice est instrumentalisée par les élites militaro-royalistes et que le véritable défenseur du peuple thaïlandais est le parti « orange » quel que soit son nom ou sa forme.
Sur le compte Facebook du Move Forward est mis en ligne depuis dimanche un clip de huit minutes où figure cette légende : « la dissolution d’un parti politique met fin à une organisation juridique, mais ne peut jamais faire taire son idéologie. Nous irons de l’avant quoi qu’il arrive le 7 août ».
Philippe Bergues
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