Un portrait de Philippe Bergues
Sondhi Limthongkul est à nouveau sur le devant de la scène pour un dernier combat. Aujourd’hui âgé de 77 ans, Sondhi veut à nouveau croiser le fer avec Thaksin Shinawatra, son meilleur ennemi depuis trois décennies. L’objet du réveil de Sondhi ? La souveraineté territoriale de la Thaïlande bien sûr, un remake de l’affaire du temple khmer de Preah Vihear, qui avait déclenché un conflit frontalier de l’ancien royaume du Siam avec celui du Cambodge entre 2009 et 2011. Cette fois en 2025, c’est le protocole d’accord signé en 2001 entre la Thaïlande et le Cambodge sur des revendications territoriales qui se chevauchent, qui valent l’irritation de Sondhi Limthongkul. Signé à l’époque par les deux premiers ministres respectifs, Thaksin Shinawatra et Hun Sen.
Sondhi veut que la Thaïlande renonce purement et simplement à ce protocole d’accord, en ordonnant au gouvernement dirigé par Paetongtarn Shinawatra l’injonction de protéger les intérêts territoriaux thaïlandais sans quoi, lui et ses partisans nationalistes jaunes pourraient organiser de massives manifestations de rue. Telle est la menace. Connu sous le nom de protocole d’accord 44 (MoU 44 pour Memorandum of Understanding 44), le point d’accord 14 du communiqué stipule « que les deux parties ont réaffirmé leur détermination, à régler dès que possible, la démarcation de la frontière terrestre, dans un esprit d’amitié, de compréhension mutuelle et des principes d’égalité et de bon voisinage, afin de construire une frontière de paix durable, de stabilité et d’amitié entre elles ». Sondhi Limthongkul a adressé début décembre 2024 une note de protestation à Government House, au Parlement et au ministère des Affaires étrangères.
Selon lui, ce protocole d’accord est invalide, contraire à la Constitution thaïlandaise et contraire à un ordre royal de feu le roi Bhumibol concernant le territoire maritime de la Thaïlande. Pourtant, la signature commune des deux ministres des Affaires étrangères en 2001, Surakiart Sathirathai pour la Thaïlande et Sok Ahn pour le Cambodge figure bien sous ce MoU 44, qui reconnaît « une zone de revendication commune 26 000 km² dans le golfe de Thaïlande, entre la Thaïlande et le Cambodge».
Cette zone abriterait d’importantes réserves de pétrole et de gaz et le règlement d’une partie de l’espace de chevauchement des revendications territoriales entre ces deux voisins permettrait de renforcer pour chacun sa sécurité énergétique et serait un premier pas vers un règlement global.
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