Peut-on encore librement exercer le métier de journaliste en Thaïlande ? Les opposants à l’actuel gouvernement, qui se targue d’être démocratiquement élu, sont-ils encore autorisés à prendre la parole dans les médias internationaux ? L’arrestation d’une journaliste belge free-lance, interpellé après un entretien avec un ex leader des «chemises rouges» relance le débat sur l’état de la liberté de la presse dans le royaume.
Un journaliste belge indépendant, Kris Janssens, a en effet été arrêté jeudi par la police de l’immigration thaïlandaise après avoir interviewé un ex leader des «chemises rouges», Anurak «Ford» Jeantawanich. Lequel avait été agressé à plusieurs reprises au cours de cette année par des commandos «non-identifiés».
Le gouvernement interpellé
Le club des correspondants étrangers de Bangkok (FCCT) a aussitôt publié un communiqué. «Il est profondément troublant de décider qui doivent interviewer ou ne pas interviewer des journalistes étrangers», indique ce texte. «Le gouvernement thaïlandais ne devrait pas interférer dans ce cas de figure»
Selon le communiqué, le journaliste belge en question est basé à Phnom Penh. Il s’est rendu jeudi au bureau de l’immigration où ordre lui a été donné de quitter le pays.
Enquête promise
La police de l’immigration a refusé de commenter les nouvelles. Le porte-parole de la police nationale, Krissana Pattanacharoen, a déclaré qu’il enquêtait sur l’affaire.
Le «dissident» Anurak a pour sa part déclaré sur sa page Facebook : «La police m’a appelé à propos de Kris il y a deux jours. Il y a visiblement eu des tensions entre les différents services de la police».
Kris Janssens se présente comme un producteur de médias indépendant … Particulièrement actif sur les questions de droits de l’homme et les questions environnementales.
En mai, l’ex leader des «chemises rouges» Anurak a été battu par six hommes devant son domicile à Samut Prakan. Deux mois plus tôt, deux hommes ont fait irruption chez lui et l’ont agressé avec des bâtons. Personne n’a été arrêté dans les deux cas.