L’affaire secoue depuis plusieurs jours la politique thaïlandaise et relance les soupçons sur l’origine de la fortune de plusieurs hauts responsables politiques du royaume. Tout est parti d’un article du Sydney Morning Herald accusant, sur la base d’archives judiciaires australiennes, le vice-ministre de l’Agriculture, Thammanat Prompao, d’avoir été arrêté dans ce pays en 1993 pour tentative d’importation d’héroïne. Au bout du compte: un démenti formel de l’intéressé et des autorités de Bangkok. Le premier ministre Prayuth, interrogé le 10 septembre, avait refusé de répondre aux questions sur ce sujet.
Les accusations du Sydney Morning Herald sont étayées et basées sur des rapports de police australiens. Selon le quotidien, l’actuel vice-ministre de l’agriculture utilisait alors le nom de Manat Bophlom. Il avait plaidé coupable en 1993 pour s’être livré à un trafic de 3,2 kg d’héroïne en Australie.
Trois complices présumés – deux Australiens et un Thaïlandais – ont été inculpés. Thammanat aurait joué un rôle majeur dans l’opération.
Il a toutefois été condamné à une peine de six ans de prison après avoir coopéré à l’enquête de la police. Il aurait été relâché après avoir purgé une peine de quatre ans puis déporté. Depuis, la défense de l’intéressé a consisté a affirmer qu’il demeurait lié par un accord secret avec la justice australienne et qu’il n’entendait pas démissionner.
Passé judiciaire chargé
Selon l’agence Associated Press, le vice-ministre aurait un passé judiciaire aussi en Thaïlande. Il y aurait été arrêté pour meurtre et libéré après avoir été acquitté après deux ans de prison. Il aurait aussi, en 2018, été impliqué dans une importante affaire de fraude liée au bitcoin, mais n’avait été accusé d’aucun crime.
Selon le quotidien américain Washington Post: Thammanat est le plus haut responsable politique thaïlandais à être accusé de trafic de drogue depuis 1992, date à laquelle Narong Wongwan, homme politique du Nord, a été démis de ses fonctions de Premier ministre lorsqu’il a été révélé que les États-Unis avaient refusé de lui donner un visa alors qu’il était soupçonné d’être impliqué dans le commerce illicite. Aucune accusation n’avait pourtant été portée contre Narong.
