Maisons des esprits devant chaque habitation, arbres sacrés enrubannés de tissus de couleurs, moines respectés et craints, offrandes de boissons et nourriture devant les maisons ou les restaurants pour l’hôte invisible, petites annonces dans le Bangkok Post pour exorcismes urgents… La Thaïlande semble être le pays des fantômes tellement ils sont présents partout. Des moines exorcistes aux « artisans » de l’énergétique, ces maîtres de l’invisible ont pour mission de déloger les puissances néfastes de certains lieux et de « dégager » des personnes.
L’opportunité a semblé incroyable à une famille d’expatriés français de Bangkok après l’annonce de la démolition de leur condominium : alors qu’ils sillonnaient leur quartier en quête d’un nouveau logement, un vieil homme dans son jardin s’est approché et leur a proposé de louer sa maison, une bâtisse délabrée mais de bonne taille, entourée d’un grand espace de verdure où des bouteilles en plastique contenant divers liquides roses, jaunes et bleus trônent au milieu de centaines de plantes en pot.
Le propriétaire accepte sans discuter de prendre à sa charge des travaux de rénovation et propose un loyer dérisoire, alors que le quartier est en plein coeur de ville, à trois minutes d’une station de métro. Etonné, le couple en parle à des amis qui les mettent en garde contre les maisons hantées. Ce qui éveille encore plus leur curiosité.
Ils décident alors de s’adresser à un fabricant de maison des esprits (san phra phum). Ce dernier les aiguille vers le moine Sua (« tigre »), un bonze vénéré qui offcie au temple Wat Chaï Mongkol sur Rama I. Vif et souriant, pressé comme un homme d’affaires, celui-ci reçoit la famille, assis en tailleur, dans la foulée d’une cérémonie de purification.
Quand il entend le mot exorcisme, il éclate de rire. Pour lui, c’est une vision surannée de superstitions auxquelles il n’adhère pas.