Le directeur marketing international des hôpitaux Samitivej revient sur la qualité du système de santé en Thaïlande voué, selon lui, à un bel avenir.

Comment la Thaïlande est-elle parvenue à se forger la réputation de « paradis médical » ?

La première chose à dire est que la qualité des soins médicaux est excellente. La Thaïlande a de très bonnes universités de médecine qui forment de bons médecins. Sans cela, le royaume ne pourrait être crédible en tant que paradis médical.

Ensuite, plusieurs éléments jouent en sa faveur : c’est une destination touristique très appréciée, de nombreuses entreprises y sont implantées, les coûts de la vie et des soins médicaux y sont comparativement peu élevés, et la mise en place de programmes de promotion de l’industrie de la santé par le gouvernement thaïlandais porte ses fruits. D’autres pays tels que Singapour, la Malaisie ou l’Inde se positionnent sur le tourisme médical et la santé, mais la Thaïlande a un atout que ces pays n’ont pas : la qualité du service. Ce sens inné du service et de l’accueil joue un rôle très important dans la prise en charge des patients. Tous ces facteurs ont contribué au développement d’hôpitaux de premier ordre et d’une excellente capacité de prise en charge des patients.

Les critiques formulées envers un système où le malade est plus considéré comme un client que comme un patient sont-elles fondées ?

En tant que Français qui a grandi avec l’idée de couverture santé universelle, travailler dans un groupe d’hôpitaux privé peut engendrer des conflits d’ordre philosophique. Ce qui est sûr, c’est que la notion de rentabilité est présente dans la gestion d’un hôpital privé. Mais je pense qu’il faut replacer les choses dans leur contexte. Bangkok compte plus de 200 000 expatriés enregistrés auprès des ambassades, près d’une vingtaine d’hôpitaux avec des accréditations internationales et une multitude de cliniques privées. La concurrence est très forte et le marché relativement transparent. Il faut aussi savoir que tous les hôpitaux travaillant avec des compagnies d’assurance se font auditer par ces mêmes compagnies d’assurance afin de s’assurer que toutes les procédures effectuées étaient nécessaires et de comparer les tarifs avec leurs bases de données.

Les services sont également à prendre en considération. Si je prends l’exemple du groupe Samitivej, nous avons trois hôpitaux, avec chacun une IRM et un scanner. Chaque patient pourra recevoir diagnostique et traitement dans la même prise en charge. On ne résoudra pas le débat du système de santé publique versus privé, mais je peux dire qu’en Thaïlande nous avons de la chance car nous avons accès à une médecine de qualité.

Comment voyez-vous l’évolution de ce secteur dans les années à venir ?

L’offre de soins va continuer à se développer. De plus en plus de Thaïlandais souscrivent des assurances santé et s’orientent vers des hôpitaux privés offrant de meilleurs services. Avec la création de la Communauté économique asiatique en 2015, les besoins des pays frontaliers vont augmenter sans pour autant que ceux-ci puissent à moyen terme développer des structures hospitalières suffisantes. Les classes moyennes et les expatriés se tourneront alors vers Singapour et la Thaïlande. Les classes les plus aisées le font déjà.

A plus grande échelle, les pays occidentaux sont confrontés aux problèmes de financement de leur santé. On manque de visibilité, mais il est facile d’imaginer à moyen terme des systèmes hybrides entre gouvernements et assureurs qui délocalisent la prise en charge des soins médicaux. Il existe déjà un assureur aux Etats-Unis dont les adhérents ne peuvent se faire opérer qu’au Mexique.

Propos recueillis par Malto C.

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