Une chronique très siamoise de Patrick Chesneau
Une photo satellite en surplomb de la Thaïlande. C’est la prouesse hautement technologique accomplie par un mystérieux envoyé spatial. Pour réaliser ce selfie géant, il a déclenché son objectif au milieu des étoiles avant d’acheminer son œuvre d’art instantanée jusqu’au plancher des buffles.
Sans doute l’auteur de ce portrait astral est-il un extraterrestre doué d’empathie pour le genre humain. On peut même voir dans ce tirage éblouissant un gage de franche amitié pour la seule espèce bipède de la planète habitée. A vrai dire, beaucoup de représentants des peuples intergalactiques séjournent parmi nous sans que nous le sachions. En immersion incognito. Pour la plupart, ils sont en repérage pour le tournage ultérieur d’une probable superproduction quantique et, ce faisant, nous observent méticuleusement dans notre biotope naturel.
Beaucoup de bienveillance dans ce cliché aux millions de pixels. Vu de très haut, ce qu’il nous montre est source de joie. Le Royaume de Siam resplendit. Apparaissant dans la nuit cosmique comme une immense flaque de lumière. Cette luminosité intense qui troue l’obscurité interstellaire est le pendant nocturne de l’énergie accumulée en journée par les 70 millions de ressortissants du pays du sourire.
De la boucle si ample du Mékong aux rivages de la mer Andaman constellée d’îles paradisiaques tout en prenant soin de ponctuer ce périple de haltes émerveillées dans le damier des rizières de l’Isaan ou le quadrilatère imposant formé par Bangkok entre plaines inondables et embouchure du fleuve mythique Chao Phraya.
Incandescence lumineuse
Le monumental volume de beauté produit quotidiennement par l’ensemble des zygomatiques réunis sous cette latitude orientale, ajouté à l’énergie du soleil ( en quantité jusqu’ici illimitée ) permet à notre planète, de poursuivre sa rotation et de se maintenir en orbite dans le système solaire. Elle est la seule dans l’univers intergalactique qui soit dotée d’une atmosphère propice à la vie.
L’incandescence lumineuse repérable sur la photo est un surgissement esthétique. Une fascination. Irradiant tout à la fois les étonnants reliefs géologiques qui ont scandé l’évolution de la croûte terrestre et le dôme déployé jusqu’aux confins de l’infini par la voie lactée. Sidérant espace sidéral. De surcroît, le clair de lune nimbe la péninsule asiatique d’un halo bleuté. Par effet de réfraction des particules en suspension dans l’univers, elle flamboie et vrille jusqu’au creux de notre cosmogonie intime.
Saisie en pleine circumnavigation gravitationnelle d’une capsule habitée, cette image enchantée représente la quintessence de l’émotion humaine. Depuis la voûte céleste, il s’agit donc d’un document d’exception. De nature à déclencher les rêves les plus oniriques. La Thaïlande, bénie de Bouddha, nous est ainsi révélée sous un angle inédit.
Comme si nous disposions d’une loupe grossissante, ce que l’on voit très distinctement n’est autre qu’un coin de paradis sur Terre.
Patrick Chesneau
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