Nous reproduisons ici un reportage publié par France Info à l’occasion de la journée mondiale pour le droit à l’avortement le 28 septembre.
En Thaïlande, elles doivent “emprunter de l’argent” pour avorter
Il y a trois mois, le collectif Tamtang a reçu l’appel à l’aide d’une femme enceinte cherchant à avorter en secret. “Son employeur a découvert qu’elle était enceinte, elle a perdu son travail”, relate Nisarat Jongwisan, conseillère de ce groupe féministe aidant les Thaïlandaises dans leur accès à l’IVG. “Elle n’avait que 5 000 bahts (environ 130 euros), mais elle devait voyager du nord de la Thaïlande à Bangkok. Elle était à 20 semaines et le coût de l’IVG était de 13 000 bahts (environ 340 euros).” Seul l’appui financier de Tamtang lui a permis d’avorter.
En Thaïlande, l’interruption volontaire de grossesse est devenue légale jusqu’à 12 semaines en février 2021, puis, sous certaines conditions, jusqu’à 20 semaines en octobre 2022. Mais “des inégalités persistent”, souligne Kritaya Archavanitkul, professeure à l’université Mahidol et coordinatrice du réseau Choices Network Thailand. “Il y a des services d’IVG dans 39 des 77 provinces thaïlandaises. Et nous avons découvert que beaucoup de ces services sont privés.” Chonthita Kraisrikul, cheffe de projet au sein du collectif Tamtang, abonde : “A notre connaissance, très peu d’hôpitaux publics sont prêts à pratiquer des IVG.”
“Le coût d’une IVG varie de 5 000 bahts ‒ 15 fois le salaire minimum journalier ‒ à 20 000 bahts. Des femmes pensent que c’est gratuit, mais ça ne l’est pas.”
Chonthita Kraisrikul, militante thaïlandaise à franceinfo
Selon Tamtang, 64% des personnes que le groupe accompagne ont un budget inférieur à 2 000 bahts. “Il est difficile pour elles d’emprunter de l’argent, elles doivent mentir”, poursuit Nisarat Jongwisan. Le fonds géré par Tamtang est un soutien crucial pour ces femmes, mais “nous ne pouvons pas aider tout le monde”, regrette Chonthita Kraisrikul.
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