En Thaïlande, le désir sexuel n’est pas à aborder n’importe où, n’importe quand et avec n’importe qui. Mais derrière une société conformiste et pudique, le royaume réinvente ses propres codes érotiques. Entre sensualité, plaisir et fantasmes, enquête dans ces nouveaux lieux d’une vitalité et d’une audace libératrices.
Lorsqu’on pousse la porte de la Maison Close, un drôle de monde s’ouvre : des néons rouges caressent le velours de quelques canapés, un vieux téléviseur diffuse des films érotico-gores nippons des années 60, des femmes aux seins nus colorent le papier jaunie d’une collection de magazines…
Telle une tornade, Pokchat Worasub saute aux bras des invités. Ses mains dépassent à peine des manches de son blouson blanc et son carré rebondit sous sa casquette noire arborant le nom de son exposition « This is not cute ».
La photographe thaïlandaise montre avec enthousiasme ses photos de nus. Huit clichés trônent dans un espace semi cloisonné : des poitrines découvertes, des visages cachés, un moment de jeu intime entre deux femmes, une lumière chaude sur des fesses à la renverse.
Les femmes photographiées n’appartiennent pas au monde du mannequinat professionnel. Pokchat les connaît et les met à l’aise. « Ce que je recherche, ce sont des émotions, naturelles et vraies. Je veux voir leurs corps nus se libérer et s’exprimer. »
Un liquide gluant et pailleté a été étalé à la va-vite sur une culotte ici, sur une bouche ailleurs. Ce n’est pas pour se protéger des autorités que la photographe cache, mais pour éviter la censure sur les réseaux sociaux. « J’ai mis du vernis et du baume du tigre pour que l’on ne me retire plus mes photos sur Facebook. J’ai déjà été bloquée pendant quinze jours, des personnes me signalent », dit-elle l’air agacé.
Ce n’est pas à Maison Close que les visiteurs repartiront choqués. Ce lieu, ouvert il y a à peine six mois, offre un toit aux curiosités érotiques. «J’ai encore du mal à définir Maison Close. C’est un lieu de rencontres, un endroit cumulant tous mes centres d’intérêt », explique Stephen Bessac, le fondateur de cet espace hybride. Dans cette townhouse haut de plafond typique du quartier chinois, ce Français de 47 ans est chez lui.
Ancien chanteur professionnel du groupe de hard core metal Kickback, il collectionne depuis des objets érotiques thaïlandais. « Je traînais déjà tout le temps dans ce quartier. Les vieux bordels, le yadong, l’ambiance. Je trouvais mes vieux magazines érotiques au marché des voleurs de Nakhon Kasem. Des copains thaïlandais m’en ramenaient aussi de chez leurs parents », raconte-t-il la voix posée.
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