Superbe reportage en anglais du quotidien de Hong Kong South China Morning Post, dont nous vous recommandons ici la lecture de l’article consacré au temple Wat Chak Daeng de la province de Samut Prakarn, dans la banlieue de Bangkok. Sa spécialité ? Transformer les bouteilles plastiques usagées en…robes safran pour les moines ! Un recyclage hors normes, dont le but est aussi de sensibiliser les fidèles sur les dangers des plastiques et les méthodes existantes pour réutiliser ce matériau à la fois essentiel et si polluant. Un reportage signé Tibor Krausz.
Nous reproduisons ici un extrait du reportage du South China Morning Post dont nous vous recommandons la lecture (en anglais) de l’article original ici.
Les bouddhistes améliorent leur karma en faisant des aumônes, comme de la nourriture et des robes de moines, aux monastères. Or un temple thaïlandais accepte désormais les bouteilles en plastique usagées comme aumône. La raison ? Ses ateliers transforment le plastique en tissu à partir duquel les bénévoles cousent de nouvelles robes. Le projet est l’une des nombreuses initiatives de recyclage lancées par les moines
Encombrants cartons
Toutes les robes que portent les moines du temple Wat Chak Daeng, un monastère bouddhiste de la province de Samut Prakan en Thaïlande, sont fabriquées à partir de bouteilles en plastique – une initiative de recyclage mise en place par l’abbé Phra Maha Pranom Dhammalangkaro.
Là bas, des boîtes en carton encombrantes sont empilées les unes sur les autres dans une zone de stockage extérieure. Les boîtes viennent d’arriver par la poste. L’une a été envoyée de Pattani, une province à majorité musulmane de la région la plus méridionale de la Thaïlande. Une autre a été postée de Chiang Mai dans le nord montagneux. Une troisième a été expédiée de la province de Nong Khai par le Mékong au nord-est.
«Nous recevons des colis de toute la Thaïlande», explique Iraj Rithsureegul, qui aide en tant que bénévole au temple. Leur contenu? Bouteilles d’eau en plastique vides.
À Wat Chak Daeng, les dons de bouteilles en plastique à usage unique en polyéthylène téréphtalate (PET) sont en effet bienvenus. Mieux: les moines encouragent les gens à apporter ou à envoyer des bouteilles jetées au temple, dont les motifs s’étalent dans un cadre pittoresque au bord de la rivière Chao Phraya. En partenariat avec une entreprise chimique, l’abbé par intérim Phra Maha Pranom Dhammalangkaro est en effet le fer de lance d’un projet visant à recycler les bouteilles en PET en robes de safran pour ses frères moines.
«Nous brûlions les feuilles sèches et les déchets plastiques, mais cela créait beaucoup de mauvaises fumées», explique le pasteur. «Je réfléchissais à de meilleures façons d’éliminer les déchets. Il m’est alors venu à l’esprit que si les T-shirts pouvaient être fabriqués à partir de bouteilles d’eau, pourquoi pas les robes des moines? »
Fibres de polyester
Une fois les bouteilles triées, croquées, pressées en blocs et emballées en balles portables par les volontaires du temple, elles sont transportées dans une usine pour être déchiquetées en petits flocons. Dans une autre usine, les flocons sont fabriqués en fibres de polyester mélangées avec du coton et un nanomatériau antibactérien à base de zinc. Dans une troisième usine, le fil est teint et filé dans un tissu léger de haute qualité. Le tissu est ensuite apporté au temple, où les volontaires le coupent et le cousent dans de nouvelles robes pour les moines.
«Je suis heureux de faire cela», déclare Supattra Siripanya, l’un des volontaires, qui vend de la nourriture dans la rue pour gagner sa vie. Je pense que nous faisons une bonne action.»
Une seule robe est composée de 15 bouteilles d’eau de 1,5 litre. Un ensemble complet de «triples robes» traditionnelles (sarong, vêtement intérieur et revêtement extérieur) nécessite 60 bouteilles. Depuis qu’il a commencé à fabriquer des robes l’année dernière, le temple en a produit environ 1 000.
«Elles sont légères, sèchent rapidement et ne se froissent pas facilement», atteste Phra Maha Pranom, qui a testé le prototype en le portant pendant des mois. Elles ne sentent pas mauvais, même lorsque vous les portez non lavés pendant un certain temps.»
Valeur spirituelle
En transformant les déchets en plastique sans valeur en vêtements imprégnés d’une grande valeur spirituelle, le moine a estimé qu’il pourrait aider à diffuser les vertus du recyclage, de la réutilisation et de la réutilisation. Un changement d’attitude pourrait être transformateur en Thaïlande, l’un des pires pollueurs plastiques du monde. Les sacs à provisions, les emballages alimentaires et les bouteilles de boissons jetés ont détruit l’environnement du pays, jonchent les rues, obstruent les canaux, salissent les rivières, envahissent les mers et se rassemblent sur les plages.
Remerciements: George Santin