Le tourisme en Thaïlande peut-il continuer sur cette voie ? L’épidémie de coronavirus, qui souligne à sa façon les dangers du tourisme de masse, est un début de réponse. Une excellente chronique publiée par le site professionnelle la Quotidienne dont nous vous recommandons la lecture évoque les différents problèmes auxquels le royaume se trouve aujourd’hui confronté. On pourrait aussi évoquer la pollution, qui bat des records dans la région de Bangkok depuis le début de l’année.
Nous reproduisons ici des extraits d’une tribune de Serge Fabre sur le site professionnel touristique La Quotidienne dont nous vous recommandons la lecture ici.
Le royaume est fier d’annoncer à nouveau un record du nombre de touristes pour 2019. Cependant, derrière les chiffres, des questions se posent pour les professionnels du tourisme et notamment les hôteliers.
La Thaïlande bat son record annuel
Le pays a vu l’arrivée d’un peu plus de 39 millions de touristes internationaux en 2019 contre environ 38 millions l’an dernier. Il en espère désormais 40 millions par an.
Pour 2019, le « Tourism Authority of Thailand » (TAT) s’attend à ce que le tourisme atteigne un taux de croissance de 4 % en volume et en valeur pour 39,7 millions de touristes étrangers, ce qui générera 1,96 milliard de bahts de revenus pour le pays.
On reste tout de même surpris par ces chiffres car pendant plusieurs mois, les professionnels à Pattaya ou Phuket se plaignaient d’un manque de touristes.
Un objectif prudent pour 2020
TAT prévoit que le nombre de touristes atteindra 40,8 millions en 2020, soit une augmentation de 2,5 %, ce qui contribuera à 2,02 milliards de bahts pour l’économie, en hausse de 3 % en glissement annuel.
Le ministre du tourisme souhaite un retour des européens
Les chiffres de TAT montrent que le secteur du tourisme thaïlandais est désormais dominé par les visiteurs asiatiques, 64 % des touristes provenant à eux seuls des 5 principaux marchés, tous en Asie. Il s’agit de la Chine, de la Malaisie, de l’Inde, de la Corée du Sud et du Laos.
Au cours des dernières années, la croissance du tourisme thaïlandais est venue notamment des visiteurs chinois. On y observe également le marché indien où une classe moyenne émergente voit la Thaïlande comme une destination attrayante.
Au cours de l’été, le ministre thaïlandais du tourisme a reconnu qu’il était nécessaire de regagner des touristes européens et occidentaux qui sont attirés par la Thaïlande en tant que destination de vacances, et peut-être pour des raisons différentes que celles des visiteurs asiatiques.
L’Europe, en incluant la Russie ne représente que 16 % des touristes
Les chiffres publiés par l’autorité du tourisme indiquent une baisse du nombre de visiteurs européens. Les touristes allemands sont moins nombreux (baisse de 3,6%). On observe une progression très légère des touristes anglais (+0,84%) avec 720 000 arrivées. Le nombre de visiteurs russes est en légère baisse avec 1,47 million de touristes.
Les hôteliers font la grimace
Le patron de Best Western voit une baisse des touristes chinois. Olivier Berrivin est le directeur général Best Western en Asie. Il dit que son groupe a vu une baisse du nombre de touristes chinois cette année en Thaïlande. Il ajoute qu’il s’attend à ce que cette situation ne change pas pendant la haute saison jusqu’à la fin de l’année.
Les professionnels dans les grands sites touristiques tels que Chiang Mai, Phuket ou Pattaya ont majoritairement déclaré des taux d’occupation inférieurs à l’année précédente. Shreyash Shah, le directeur commercial du Chada Hotel Group, qui exploite des hôtels dans des emplacements clés en Thaïlande, notamment à Bangkok et à Krabi.
Il reste sceptique quant à l’avenir du marché du tourisme à l’horizon 2020, parmi ses préoccupations la concurrence et la baisse des tarifs des chambres malgré les chiffres officiels montrant plus de visiteurs. On constate dans certaines régions une offre excédentaire d’hôtels. C’est notamment le cas sur Phuket.
Comment expliquer le manque de touristes occidentaux en Thaïlande ?
Quand on échange avec des collègues thaïlandais, ils expliquent l’absence d’occidentaux par la hausse de la valeur du baht, le Brexit ou les conséquences de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis. Pourtant certains pays environnants voient une hausse du nombre de touristes comme le Japon, le Laos, le Cambodge ou le Vietnam.
En fait la concurrence de ces pays est une des raisons de la faiblesse du nombre d’occidentaux vers la Thaïlande.
Le gouverneur adjoint de l’Autorité du tourisme de Thaïlande, Tanes Petsuwan, a indiqué lors du dernier WTM : « Nous voyons clairement le besoin de rafraîchir notre proposition de valeur et d’élargir notre gamme de produits… la concurrence s’intensifie ».
Il a également souligné l’importance d’un tourisme responsable. Ce phénomène reste bien trop lent.
Les destinations secondaires restent inexploitées
Malgré plusieurs messages de l’Office du Tourisme de Thaïlande, sur le développement touristique d’autres provinces, on peut affirmer que pour le moment ce n’est pas le cas. On continue de promouvoir Bangkok, qui est une des villes les plus visitées au monde, mais également une des plus polluées. Pattaya garde encore une mauvaise image malgré quelques efforts des autorités. Mais nous sommes loin d’un tourisme durable. C’est également le cas sur Phuket ou Chiang Mai.
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