Les archives de notre mensuel nous offrent quantité de reportages, tant Gavroche s’est depuis 25 ans promené partout en Thaïlande. Cette fois: escapade à Sam Roi Yot, à une trentaine de minutes au sud de Hua Hin, le parc marin de Khao Sam Roi Yot repose sur la côte du golfe de Siam tel un écrin de nature protégé. Si les activités et les balades ne manquent pas, on vient avant tout y chercher la tranquillité, loin du tumulte des grandes stations balnéaires.

Dix heures. Le jour s’étire doucement sur la ligne d’horizon. La présence de quelques bateaux aux couleurs vives inclinés sur le sable indique que les pêcheurs sont déjà rentrés de leur nuit au large. La marée basse a dégagé un plateau de sable dur. Le moment est bien choisi pour un jogging matinal sur la plage, déserte à cette heure-là.

La baie de Sam Roi Yot, longue de sept kilomètres, est bordée par une petite route ombragée et peu fréquentée, ce qui en fait un spot idéal pour de belles balades à vélo en bord de mer. Sur le littoral, de rares hôtels accueillent les visiteurs. Parmi eux, le Dolphin Bay est pris d’assaut chaque week-end par les familles d’expatriés venues de Bangkok.

A l’une des extrémités de la baie, un canal protégé de la houle abrite le petit port de pêche de Bang Pu. Ici, les familles n’ont pas abandonné leur activité principale pour vivre du tourisme. Mais les pêcheurs complètent leurs revenus en embarquant les visiteurs qui veulent se rendre sur la plage de Laem Sala, point de départ pour grimper à la grotte de Phraya Nakon, l’une des principales attractions de la région. Elle abrite un petit mausolée construit lors de la visite de Rama V et baigné par un puits de lumière provenant de l’effondrement d’un plafond qui imprègne le lieu de son atmosphère mystique. C’est ici que le Roi Mongkut (Rama IV) aurait convié des dignitaires européens en août 1868 pour observer une éclipse total du soleil. Il y aurait contracté la malaria et il mourut quelque temps après.

La route qui mène à l’entrée du parc serpente sur plusieurs kilomètres entre des bassins d’élevage de crevettes dont beaucoup ont été asséchés et abandonnés, découvrant une terre aride où plus rien ne pousse. L’empreinte de l’homme est saisissante et contraste avec la nature préservée, délimitée par les frontières du parc. Les marais d’eau douce et salée qui s’étendent sur une surface de 40 kilomètres carrés sont le refuge de nombreuses espèces et d’oiseaux migrateurs que l’on peut observer une partie de l’année à partir du canal de Khao Daeng.

L’île aux singes
En face de la plage de Sam Roi Yot, se dresse une île rocailleuse baignée par une belle lumière en fin de journée. Désert, le lieu est habité par une colonie de macaques mangeurs de crabes qu’ils capturent sur l’autre versant, dans la roche escarpée frappée par la houle. Une petite plage de sable permet aux bateaux et autres canoës d’accoster. Aux cris répétés des pêcheurs, les singes finissent par se montrer pour se rassasier des bananes que les touristes leur tendent. Moins agressifs que leurs collègues du continent, ils se laissent approcher et vont jusqu’à grimper d’un bond sur le bateau… ou sur vos épaules pour échapper au mâle dominant venu chaparder leur butin.

Si le tour de l’île ne peut se faire à pied, la balade en bateau ne prend que vingt minutes. Quelques dauphins à bosse ont élu domicile dans la baie qui porte leur nom. Difficiles à observer, ils viennent se reproduire dans les eaux chaudes du golfe. Depuis la mer, la vue sur les « trois cents sommets » (Sam Roi Yot en thaï) et ses pics de calcaire qui découpent l’horizon est saisissante.

De retour sur terre, il vous restera à profiter d’un bon repas de poisson dans l’un des rares restaurants du coin avant de regagner votre bungalow pour une nuit étoilée et silencieuse. Car à Sam Roi Yot, on ne triche pas sur le temps de sommeil !

M.C.