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THAÏLANDE – TOURISME : Koh Kood, le paradis est tout proche !

Journaliste : Stefan Legros
La source : Gavroche
Date de publication : 18/12/2020
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Tout proche, oui ! A quelques heures de ferry de Trat plus exactement, en bordure de la frontière maritime avec le Cambodge. Avec ses plages paradisiaques et son relatif isolement qui l’a épargné du tourisme de masse, Koh Kood (ou Koh Kut) est un joyau à bien des égards.

 

L’embarcadère de Laem Sok se situe à 25 km de la charmante bourgade commerçante de Trat, dans la péninsule de Ban Pu, un superbe écrin de rizières émeraudes et de forêts d’hévéa à perte de vue habité par des pêcheurs de crabes.

 

Un seul bateau en bois peint en blanc et bleu fait la traversée quotidienne jusqu’à Koh Kood. Le scooter fera lui le trajet bien harnaché au bastingage, parmi d’autres denrées.

 

Le « vaisseau » pour l’île enchantée traverse une zone marine très peu empruntée avec, en point de mire, les îles de Koh Chang et de Koh Mak qui se dressent à l’horizon entre des pitons montagneux plantés au milieu de la mer.

 

 

A babord émergent les premiers contreforts du Cambodge voisin qui font office de frontière naturelle. Le corridor étroit entre Trat et le poste frontière de Saraphat Phit, bien connu des voyageurs venus de Koh Kong, est peuplé et surtout très militarisé.

 

Seuls quelques villages de pêcheurs coincés dans de petits estuaires règnent sur cette bande de terre, aussi terrain de jeu favori des contrebandiers…

 

Des cocotiers innombrables

 

Un grand bouddha imperturbable surplombe d’Ao Salat avec, en arrière-plan, de grands arbres, palmiers et cocotiers. Certes bétonné, mais rudimentaire, ce minuscule hameau semi-flottant a été aménagé dans une grande baie inhospitalière bordée de mangrove inaccessible donnant sur une jungle épaisse.

 

Pas de rabatteurs en vue, le scooter est soigneusement débarqué par les hommes du bateau aussi attentifs que décontractés. Nous slalomons fébrilement entre les caisses de ravitaillement via des petites allées aménagées sur pilotis larges de moins d’un mètre.

 

Un couple de quinquagénaires américains, les seuls autres étrangers à avoir fait le voyage ce jour-là, semblent amusés par la scène. Impossible de se tromper, la seule route bitumée de l’île louvoie à travers la jungle par-delà des dénivelés parfois impressionnants.

 

On y croise seulement quelques locaux en deux roues et l’un ou l’autre des pick-up qui transportent les touristes vers leurs hôtels respectifs.

 

De petits sentiers mènent de deux côtés de la route à des plages, alors que d’autres rivages ne sont accessibles que par bateau, comme l’impénétrable baie d’Ao Kluai.

 

L’île de quelque deux mille habitants est encore bien préservée du tourisme de masse car elle a longtemps vécu du produit de la pêche, des récoltes d’hévéa et de la noix de coco.

 

Les quelques resorts de standing s’intègrent harmonieusement au paysage de carte postale, sans trop dénaturer la géographie du lieu. Les bungalows en dur sont discrètement parsemés à travers l’épaisse jungle de cocotiers.

 

 

Les hôtels bon marché se trouvent eux autour du village principal de l’île, qui compte tout de même quatre écoles et un temple. La plupart des maisons ont été bâties entre la route principale et la multitude de cocotiers massifs et d’hévéas tout aussi hauts perchés qui verdissent le paysage.

 

Plusieurs facteurs expliquent le faible peuplement de l’île : Koh Kood a longtemps servi de refuge pour certains Thaïlandais et Cambodgiens qui ont fui la péninsule indochinoise lors de l’intrusion française au début du XXe siècle. Par la suite, l’île a été pratiquement oubliée en raison d’un conflit larvé avec le Cambodge qui revendiquait ce territoire proche de ses côtes.

 

Plus tard, Koh Kood a eu une place de choix dans les brochures des tour-opérateurs russes, avant qu’ils ne se tournent vers d’autres îles – plus dynamiques – du Golfe de Thaïlande.

 

Ici, pas de sports nautiques, ni de balades à dos d’éléphant. Pas de 7-Eleven non plus, ni de distributeurs de banque. Juste quelques échoppes en bord de route, dont certains servent aussi de pompes à essence. Quelques agences de plongée sont disposées autour de Khlong Chao, le petit bras de mer qui sillonne au milieu de l’île.

 

Des allures de montagnes russes

 

Le lendemain matin, tout au bout de la route bitumée, après avoir avalé des pentes vertigineuses et évité l’attaque d’un groupe de macaques agressifs, nous atteignons le traditionnel village de pêcheurs qui marque le point le plus méridional du golfe de Thaïlande.

 

Une impression de bout du monde magnifiée par des plages exceptionnelles – du côté d’Ao Phrao notamment – et généralement vierges à mesure que l’on s’éloigne de l’embarcadère principal.

 

Hélas, les plages les plus isolées sont aussi habituellement les plus sales, l’océan charriant une quantité invraisemblable de déchets, et seules les plages où se trouvent des resorts sont nettoyées.

 

Point positif, ces dernières sont ouvertes à tout le monde et les restaurants – adossés pour la plupart aux hôtels – ne sont pas exagérément soumis à l’inflation caractéristique de ce genre d’endroit.

 

Siam Beach, la plage des backpackers, propre et pas trop difficile d’accès, présente des eaux cristallines en plus d’être joliment enrichie d’un long promontoire en bois à la stabilité discutable, au sein d’une baie verdoyante magnifiquement préservée.

 

La découverte de l’intérieur de l’île est quant à elle plus hasardeuse. Des routes difficiles, dont certaines sont en travaux, mènent à de belles chutes d’eau disséminées sur les contreforts. Les passages sont tellement rares que ces attractions ne sont pas soumises à un droit d’entrée.

 

La journée se termine depuis la plate-forme de Deep Port – site populaire parmi la jeunesse locale lorsque le jour décline – pour admirer le coucher de soleil.

 

Des plages de sable blanc quasiment vierges, des infrastructures qui se fondent harmonieusement dans le paysage, des promontoires en bois qui ouvrent sur une eau turquoise : tout y est pour donner des allures de Maldives à cette île qui voit affluer finalement peu de touristes pour un cadre aussi exceptionnel.

 

De retour vers l’embarcadère qui nous ramène vers Trat, le déluge rend l’ensemble soudainement moins magnétique. En saison des pluies, on devine une atmosphère plus morose. Pas de quoi évoquer l’enfer pour autant !

 

Stéfan Legros

 

Article publié dans le Gavroche n°282 d’avril 2018

 

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