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THAÏLANDE – TOURISME : Koh Sichang, l’anti-Pattaya

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 24/04/2020
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Vous aimez enchaîner la tournée des boîtes après celle des plages ? Vous n’envisagez pas votre soirée sans un cocktail sophistiqué dans une ambiance lounge et climatisée ? Passez votre chemin, la modeste Koh Sichang risque de vous ennuyer. Si en revanche vous recherchez un dépaysement moins frelaté, l’île s’impose comme une destination de choix pour une escapade de quelques jours. Sept raisons d’aller y faire un tour. Ce nouveau reportage a été déniché dans nos archives, bonne lecture.

 

1 – LA PROXIMITÉ

 

Koh Sichang, c’est la porte à côté, pour les résidents de Bangkok du moins à 1h30 de la gare routière d’Ekamai, elle coiffe largement Koh Samet au poteau de « l’île la plus proche de la capitale » : 45 minutes de bus (climatisé) pour Si Racha, quelques minutes de tuk-tuk pour se faire convoyer au port, et 3⁄4 d’heure de bateau plus tard, vous voilà au Tha Laang Pier, avant-poste du village situé juste derrière.

 

2 – L’AUTHENTICITÉ

 

Car non, Koh Sichang ne se résume pas à une côte bardée de resorts (ce n’est d’ailleurs absolument pas le cas, la topographie très abrupte de la côte ne se prêtant guère aux opérations immobilières), et l’île ne semble pas (trop) souffrir de tourismo-dépendance. D’ailleurs, une fois passé le classique comité d’accueil des bataillons de skylab (tuk-tuk insulaires) vous hélant de leur non moins classique « Where are you go ? », vous verrez : les sollicitations se font très rares. Et le village abrite encore, dans ses ruelles les plus étroites, une communauté de pêcheurs peu concernés par votre présence.

 

3 – LES SAVEURS LOCALES

 

Vous, en revanche, risquez fort d’avoir envie de les embrasser après avoir goûté l’un ou l’autre des fruits de leur labeur : les calmars de Koh Sichang sont particulièrement réputés, mais laissez également une chance aux crabes, suffisamment goûteux pour résister au mariage avec le curry jaune sans y perdre leur identité, ainsi qu’aux bars, eux aussi plutôt subtilement cuisinés. où les déguster ? Peu importe, les prix ne varient guère d’un endroit à un autre, et partout ils brillent par leur modération. au village, les restaurants avec terrasse sur pilotis donnant sur la mer (première à droite en sortant du port) constituent une bonne option. Plus élégant – et finalement pas beaucoup plus cher en ce qui concerne la nourriture – le délicieux restaurant de Pan & David, à la sortie du village en direction de l’ancien palais, permet d’arroser son poisson du verre de vin approprié, issu d’une sélection soignée. a moins que vous ne préfériez rejoindre la – toute relative – foule de l’autre côté de l’île pour déguster vos fruits de mer grillés sur la plage.

 

4 – LA PLAGE

 

Oui, « la » plage : il n’y en a qu’une sur l’île, la jolie hat Tham Phang, d’où le léger « effet entonnoir » susmentionné ; très prisée en fin d’après-midi, elle concentre et mélange dans une ambiance bon enfant étudiants hilares après leurs exploits en « jet-canot pneumatique », couples « in a romantic mood » et familles de baigneurs. Tout ce petit monde trouve à s’installer dans les chaises longues suffisamment nombreuses des deux établissements de la plage, et l’atmosphère se fait contemplative lorsque le soleil lance ses derniers feux avant de disparaître dans la mer en embrasant le ciel d’un spectaculaire dégradé de fushias. Si vous souhaitez assister à ce spectacle dans un cadre plus intime, la terrasse des Sripitsanu Bungalows, plus au nord sur la côte ouest, constitue également une bonne option (et comporte une petite plage en bas des marches, accessible seulement à marée basse cependant

 

5 – L’HISTOIRE

 

L’attrait de Koh Sichang ne se cantonne pas à ses activités balnéaires ; elle offre même un nombre de lieux de visite remarquable compte tenu de sa petite taille. Le joyau en est certainement le parc de l’ancien palais, écrin originel de la résidence royale Vimanmek avant son déplacement au parc Dusit de Bangkok en 1900. on retrouve dans l’aménagement de ce parc l’influence européenne qui présidait aux choix architecturaux du roi Chulalongkorn (rama V) : succession de terrasses, de balustrades en pierre et de bassins artificiels, le tout ménageant des vues superbes sur la mer. Quelques jolis pavillons autrefois dédiés à l’accueil des invités de la famille royale témoignent encore du passé prestigieux de l’endroit ; l’un d’entre eux, en surplomb, présente une série de portraits royaux et princiers et rappelle la vocation initialement curative de cette résidence d’été, l’air vivifiant de l’île ayant été jugé favorable à la santé précaire d’un des – nombreux – enfants du souverain. Plus au nord de l’île, impossible de manquer l’immense temple chinois, masse rouge à flanc de colline qui attire l’œil du visiteur dès son arrivée. Au prix de la montée d’une volée de marches, 7 on y découvre des grottes creusées dans la roche et abritant des statues de personnages quelque peu mystérieux (tel ce singe à béret de capitaine), objets d’une vénération fervente. On y observe des rites typiquement chinois, consistant par exemple à faire exploser des séries de pétards ou à faire rédiger sur des bandes de papier rouge des messages qui viendront s’ajouter aux milliers qui tapissent déjà les parois de la grotte. L’ensemble de ces scènes baignant dans une esthétique nettement différente de celle des temples thaïlandais, le dépaysement est assuré… de même que le souffle coupé si vous choisissez de poursuivre l’ascension de la côte en direction de l’empreinte de Bouddha, heureusement également accessible par la route.

 

6 – L’ACCESSIBILITÉ

 

La route justement constitue un atout majeur de l’île, et une différence de taille avec Koh Samet : bien que modeste et relativement étroit, cet ancien chemin s’avère bien pratique pour découvrir l’île en mobylette, puisqu’il est aujourd’hui bétonné et relativement peu engorgé. attention toutefois au ballet compliqué des triporteurs aux points clés tels que la plage précédemment citée : leurs capacités motrices renforcées leur permettent certes de gravir sans difficulté les nombreuses pentes de l’île – d’où leur surnom de « skylabs » – mais ne les dis- pense pas de prendre un peu d’élan avant de se lancer à l’assaut des plus raides !

 

6 – LE CHARME

 

Koh Sichang a-t-elle autant de charme que Koh Samet ? oui, même si ce charme est très différent car nécessaire- ment non (con)centré sur les plages. contraire- ment à beaucoup d’îles, Koh Sichang n’oppose pas un bord de mer paradisiaque à un intérieur que les touristes préfèreraient ne pas voir, et au- quel, de fait, ils tournent généralement le dos. La variété des paysages y est saisissante, rappelant tantôt les contrastes tout méditerranéens entre la mer et une falaise abrupte ou un éboulis rocheux qui vient à sa rencontre, tantôt d’ondoyantes prairies d’alpage ! Surtout, on y trouve ce qui manque tant à Bangkok : des parcs paysagés, à disposition de tous puisque parfaitement gratuits, qui permettent de se poser à l’ombre d’une sala perchée sur la falaise et de savourer un bon livre, le parfum des frangipaniers omniprésents, ou tout simplement le temps qui passe, face à un paysage marin époustouflant, même si à cent lieues du cliché habituel thaïlandais. Eh oui, il faut garder à l’esprit qu’on est dans le nord du Golfe de Thaïlande, qui plus est au large de Si Racha, principale plate-forme de redistribution des marchandises destinées à remonter le cours du fleuve. Si les centaines de bateaux à grue dont le noir et la rouille trouent le bleu de la mer incommoderont certains et leur donneront l’impression de gâcher leurs photos, d’autres apprécieront cette touche navale qui confère au paysage son originalité et, à l’image de toute l’île, son aimable étrangeté.

 

Sacha Duroy

 

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