Nouveau reportage issu de nos archives sur la plus petite ile de Koh Yao. Elle ne présente peut-être pas de plages à la beauté aussi saisissante que celles de sa « grande » voisine, mais la joliesse y est partout. Et sa fréquentation touristique plus importante y garantit des infrastructures un peu plus développées et une – toute relative – animation. Autant de bonnes raisons de quitter Phuket pour la toute proche petite Yao.
A Koh Yao Noi, les paysages sont un concentré de Thaïlande… en tout cas la Thaïlande telle que les touristes la rêvent et dont les expatriés ne se lassent pas : où que l’on se trouve, les regards portés vers le large sont magnétisés par la séquelle des « pains de sucre » karstiques qui sont la signature visuelle de la baie de Phang Nga. Bleutées, ocres ou roses suivant l’heure de la journée, ces roches rendues quasi-mythiques par la plus célèbre d’entre elles, « James Bond Island », constituent un fantasme de voyageur à part entière.
Les plages ne sont pas en reste, encore que les plus jolies ne soient pas les plus accessibles : ainsi, à la « Long Beach » bordée de bars, de restaurants et d’hébergements, qui découvre un sol rocheux à marée basse, on préférera la perle de Had Yao, qui se mérite par une cahoteuse traversée de plantations d’hévéas de 15 à 20 minutes en mobylette. Qu’à cela ne tienne, la balade permet d’apercevoir en passant devant les rares maisons de bois disséminées dans la forêt quelques scènes de la vie quotidienne, cocasses de par leur normalité en ce lieu si reculé, telle une partie de badminton familiale et néanmoins endiablée jouée dans la relative fraîcheur vespérale.
A l’arrivée, la plage permet de cocher toutes les cases du fantasme de « plage de rêve » : sable sucre-glace – la contrepartie négative de cette finesse étant qu’il est quasiment impossible de s’en défaire : vacances au goût de sable garanties ! – eau turquoise ourlée, à marée haute, de l’ombrage des palétuviers qui avancent fort à propos leur feuillage au-dessus de l’onde. Un hamac suspendu aux branches permet même de se relaxer dans une rafraîchissante configuration semi-immergée… Seul autre aménagement de la plage : une cabane en bambou délabrée, qui semble pouvoir faire office de modeste bar, à la très haute saison peut-être ? Le reste du temps, vous aurez davantage de chances de partager la plage avec des hérons qu’avec d’autres touristes.
La variété des rencontres ornithologiques que permet l’île n’est d’ailleurs pas le moindre de ses attraits : en plus des très classiques hérons, particulièrement nombreux dans les rizières qui bordent la côte Ouest où évoluent (un bien grand mot compte tenu de leur grande langueur) également leurs habituels compagnons bovidés, Koh Yao Noi réserve quelques surprises.
Les nids d’aigles dans les palétuviers de la mangrove de la même côte Ouest en sont une ; les groupes de calaos se poursuivant à grands fracas de branches dans les arbres à flanc de colline au crépuscule en sont une autre, plus spectaculaire encore. La variété des paysages explique en tout cas celle de leurs occupants naturels, la palette plaine/montagnes/mangrove/plantations étant complétée au nord par des falaises karstiques agrémentées de grappes de stalactites qui ne détonneraient pas à Railay Beach, et qui se prêtent d’ailleurs à l’escalade, l’une des activités praticables à Koh Yao Noi.
Le farniente, et après ?
Ne nous leurrons pas : la principale – et la plus agréable – de ces activités, comme souvent sur les îles thaïlandaises dotées de routes, reste de musarder à mobylette, le nez au vent, en quête d’une plage encore plus belle que la précédente ou du lieu parfait pour siroter un cocktail face au coucher de soleil (pas facile d’ailleurs compte tenu de la configuration de l’île). Sur de courtes distances, marche à pied et bicyclette sont également possibles, d’autant que l’île, dont 99% de la population est musulmane, ne compte quasiment pas un seul chien, hantise ordinaire des randonneurs.
Mais c’est bien la mobylette qu’il faudra aux amateurs d’escalade pour atteindre, au prix d’une bonne demi-heure de slalom périlleux entre grosses pierres et ornières, la « Paradise Beach » et son resort éponyme où il conviendra de garer les véhicules, les propriétaires dudit resort étant très sourcilleux sur le droit de passage. C’est donc à pied qu’il faut ensuite cheminer, d’abord le long de la plage, puis sur un chemin coupant à travers la jungle, pour atteindre le départ des voies qui rayonnent tout autour du promontoire rocheux fermant la baie « paradisiaque » au nord. Les autres sites d’escalade – dont l’incroyable Gratefull Wall, en cette pointe nord de l’île qui abrite également la baie de Ao Kian, sa minuscule plage et son énorme « Big Tree », un majestueux Hopea Beccariana qui n’a pas usurpé son surnom – ne sont accessibles que par bateau.
Et quitte à prendre le bateau, autant s’offrir une excursion dans les îles et îlots alentours ! La plupart des pensions situées le long des plages de la côte Est en organisent à la demande à bord du longtail boat familial, et se font un plaisir d’emmener les touristes au pied des pains de sucre qu’ils ont l’habitude de contempler de loin. La balade permet en plus de découvrir une activité dont on n’aurait pas soupçonné l’existence : le gardiennage de nids d’hirondelles ! En effet, en passant près des roches karstiques, vous verrez peut-être l’entrée de grottes devant lesquelles sèche un peu de linge ; peut-être apercevrez-vous même ses occupants. Eh bien sachez qu’ils sont employés par la compagnie qui exploite les nids d’« hirondelles » (en fait d’une espèce bien particulière de martinets) ayant élu domicile dans la grotte afin de veiller à ce que personne ne vienne s’emparer de ces précieux amas de mucus qui, une fois débarrassés de leurs impuretés, se vendront jusqu’à 40 000 bahts la boîte dans le quartier de Chinatown à Bangkok. Les gardiens ont beau effectuer leur tour de garde d’au moins un mois en binôme, on ne peut s’empêcher de se demander à quoi ils peuvent bien passer leurs – forcément très longues – journées…
Votre cicerone pourra également vous conduire à quelques bons spots de plongée en apnée, si du moins le moment s’y prête : la zone a des fonds boueux, donc selon la période lunaire et les marées, l’eau peut être très trouble et réduire à de simples silhouettes grises des coraux aux couleurs pourtant éclatantes. Qu’à cela ne tienne : vous trouverez toujours à satisfaire vos envies d’exploration sous-marine à Koh Hong, île à lagon façon La Plage et merveille de la nature, d’ailleurs classée parc national, d’où les 200 bahts par personne demandés à l’entrée de la plage principale. C’est d’ailleurs sur cette plage qu’on vous conseille de terminer l’excursion, au milieu de l’eau transparente, des poissons multicolores, des familles de touristes thaïlandais et des couples n’en finissant pas de se photographier dans des poses alanguies. Vous n’y serez en effet pas seuls – cette partie de la baie de Phang Nga attirant aussi bien les touristes de Krabi que ceux de Phuket en excursion à la journée – mais vous serez d’autant plus content de rentrer dans la sereine Koh Yao Noi, d’y compter parmi la poignée de touristes dont la présence ne modifie pas encore complètement le mode de vie traditionnel d’une population de pêcheurs et de cultivateurs d’hévéa, et d’y apprécier à sa juste valeur l’authentique gentillesse de ses habitants.
Sacha