Nos archives font escales à Nakhon Si Thammarat. Avec Don Sak et son ferry pour les îles de Samui ou Phangan à mi-chemin entre Surat Thani et Nakhon Si Thammarat, la plupart des touristes optent pour Surat Thani, plus proche. Dommage ! Surtout pour ceux qui cherchent avant tout à découvrir « la vraie Thaïlande ». Nakhon Si Thammarat, loin des circuits touristiques, ne manque pas de charme et mérite bien un détour de quelques jours.
Sourire et curiosité timide, nourriture typique du sud très épicée mais excellente et bon marché, choix au niveau logements, mélange de culture bouddhiste, hindoue et musulmane, bienvenue à Nakhon Si Thammarat, capitale de la province et quatrième plus grande ville de Thaïlande. située dans l’isthme de Kra à 780 kilomètres au sud de Bangkok, Nakhon Si Thammarat a pendant longtemps été l’un des centres économiques les plus importants du pays, lieu d’échanges commerciaux entre la Thaïlande, la Chine, la Malaisie et l’inde dès les origines de la ville au IIIème siècle, mais aussi avec les Portugais, Britanniques et hollandais dès le XVIIème siècle. La situation change pourtant au début du XXème siècle, Nakhon Si Thammarat s’efface en tant que centre économique au profit de Hat Yai située plus au sud du pays sans pour autant altérer l’ouverture de la ville sur l’extérieur. Côté tourisme, si les infrastructures sont là, que l’office du tourisme absolument charmant peut vous aiguiller dans vos visites, que les musées offrent des commentaires autant en thaï qu’en anglais, les visiteurs se font très rares. Le fait que la ville soit éloignée de Bangkok et ne soit pas en bord de mer pour prendre le ferry et rejoindre les îles de Samui ou Phangan n’en font pas une destination de premier choix. Et c’est aussi ce qui en fait une ville préservée, loin des bars à filles, arnaques et touristes bruyants.
Une ville chargée d’histoire
A votre arrivée à Nakhon Si Thammarat, la première chose que l’on vous invitera à visiter c’est le Wat Phra Mahathat, aussi connu sous le nom du temple sans Ombre. Le Wat Phra Mahathat est le site bouddhiste le plus important et le plus ancien de Nakhon Si Thammarat, mais aussi de tout le sud de la Thaïlande. Un temple dont l’origine remonte à la création de la ville au troisième siècle et que le roi rama VI en 1915 décréta comme étant un temple royal de première importance. Avec son chedi haut de 78 mètres et une relique du Bouddha à l’intérieur, la légende raconte que toute personne qui entre dans ce temple se verra accorder bonheur et prospérité. Plus que la présence d’une dent de Bouddha dans son enceinte, un autre fait presque surréaliste attire de nombreux fervents de toute la Thaïlande et surtout de Malaisie chaque année. En effet, au pied du chedi, peu importe l’heure, peu importe l’ensoleillement, il n’y a jamais d’ombre. Aucune explication scientifique, architecturale, les faits sont là, c’est un temple sans ombre entouré de 173 petits chedis, un lieu paisible, serein et certainement un peu magique.
Si beaucoup font remonter la création de la ville au IIIème siècle, les premières traces archéologiques datent du Vème siècle. A l’époque du royaume de Sukhothaï, la principauté de Nakhon Si Thammarat, connue alors sous le nom de royaume de Ligor, figure déjà dans la liste des vassaux de ce royaume siamois. Elle passe ensuite dans celle du royaume d’Ayutthaya jusqu’en 1767. Le royaume de Ligor reprend son indépendance jusqu’en 1769 lorsque le roi Taksin décide de récupérer ce royaume tout en donnant à son gouverneur le titre de Chao Nakhon Si Thammarat (titre équivalent à un roi). A la fin du XIXème siècle, la principauté de Nakhon Si Thammarat est annexée par le royaume de Siam, dont elle devient un monthon (région). Avec l’abolition des monthon en 1932, la ville n’est plus alors qu’une simple capitale provinciale. De cette histoire, il reste encore quelques vestiges de l’enceinte nord datant de 1278 qui à l’origine mesurait 456 mètres de large sur 2238 mètres de long et dont le style fait penser aux remparts de Chiang Mai.
Entre jungle, cascades et plages
En plus d’une histoire riche, Nakhon Si Thammarat offre aux voyageurs amateurs de nature un cadre magnifique. Plages encore préservées de toute exploitation touristique, comme Ao Khanom d’où vous aurez peut-être la chance d’observer des dauphins roses, une race de dauphins albinos. Si la plage d’Ao Khanom est sans doute la plus connue de la région, tout au long de la côte il est possible de trouver des endroits où se poser avec ça et là un hôtel ou des huttes en bambou sur la plage. Le parc national de Khao Luang, à 30 kilomètres de la ville, propose jungle luxuriante, rivières et cascades. Pas besoin de guide pour découvrir le parc, promenez-vous à votre aise et si l’envie vous prend de rester un peu plus longtemps, il est possible de faire du camping ou de louer un bungalow, de quoi vous laisser aussi le temps de reprendre des forces si vous vous attaquez à l’ascension du pic le plus haut du parc (1835 mètres).
Pak Phanang, la ville aux hirondelles
Autre destination à ne pas manquer, Pak Phanang, à une trentaine de kilomètres au sud-est de Nakhon Si Thammarat. La ville a particulièrement souffert de la tempête Harriet en 1962 qui en a dévasté une bonne partie avec des vagues de plus de 6 mètres et a fait plus de mille victimes. Depuis, Pak Phanang a été reconstruite et même si elle a perdu beaucoup de ses anciens bâtiments, il se dégage toujours une impression de retour dans le passé. Avec même un léger sentiment de se plonger dans un Bangkok révolu. avec son bateau qui traverse inlassablement la rivière pour amener les habitants d’un côté à l’autre de la ville, on pourrait presque se croire sur le Chao Phraya avec ses maisons sur l’eau, les enfants qui jouent sur des radeaux de fortune, le marché et l’odeur des fruits de mer, loin toutefois de la circulation dense et de la pollution de la capitale. Ici, pas d’étrangers, personne ou presque ne parle anglais. Promenez-vous dans les rues et ruelles de cette ville aux habitations concentrées les unes sur les autres, le mélange des styles et influences entre modernité et passé, entre architecture thaïe classique et coloniale.
Le collège de Sakonnakhon, avec son ambiance de contes de fée, pourrait presque rendre jaloux Harry Potter
Laissez-vous bercer aussi par le chant des oiseaux. Une autre particularité de Pak Phanang, c’est le nombre incroyable de maisons à hirondelles, les nids de ces dernières faisant partie d’un des business les plus lucratifs de la région. Il y a bien sûr ces énormes bâtiments de béton gris construits uniquement pour accueillir ces oiseaux, mais il y a aussi de nombreuses anciennes habitations abandonnées pour laisser place aux hirondelles, au point de donner un côté presque fantomatique à certaines rues. Il est vrai qu’à un prix de 3500 euros par kilo et en sachant qu’une maison peut fournir 500 grammes de nids par mois, il n’est pas étonnant que les gens préfèrent parfois abandonner leur maison (ou une partie) aux oiseaux… Loin de rester sur son passé, cette ville de plus de 100 000 habitants reste dynamique.
Pour s’en rendre compte, promenez-vous à pied, à vélo, en moto dans la ville, dans le centre historique près de la gare, avant de passer par le quartier chinois, les échoppes et restaurants musulmans, les marchés, brocantes et grands centres commerciaux, les chaînes américaines de fast-food qui ne manquent pas non plus, les nombreuses universités, certaines à l’architecture un peu trop kitsch et qui pourraient rendre jaloux Harry Potter ou Cendrillon ! Le soir venu, les activités ne manquent pas, que ce soit le marché de nuit mais plus encore les nombreux bars qui proposent des concerts ou alors les salons de thé à l’architecture coloniale. Partout, que ce soit pour une bière ou un thé, votre portefeuille n’en souffrira pas trop, la clientèle est thaïlandaise, les prix aussi, le farang est rare, alors ne soyez pas surpris si on s’adresse à vous directement en thaï comme si c’était évident que vous parliez la langue du pays vous aussi !
Catherine Vanesse ( www.gavroche-thailande.com )