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THAÏLANDE : Un journaliste de la BBC risque cinq ans de prison pour diffamation

Journaliste : Redaction
La source : Gavroche
Date de publication : 26/02/2017
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Jonathan Head, correspondant à Bangkok de la chaîne BBC pour l’Asie du Sud-Est, a comparu devant un tribunal de Phuket jeudi 23 février pour diffamation. Cette accusation, portée par un avocat thaïlandais, fait suite à une investigation de la BBC sur l’escroquerie immobilière dont ont été victimes deux retraités britanniques sur l’île touristique de Phuket. Le journaliste, qui risque jusqu’à cinq ans de prison, a vu son passeport confisqué. Cette affaire fait suite à une longue série de poursuites et de condamnations visant des journalistes et de nombreux activistes luttant pour les droits de l’homme et l’environnement.

 

Jonathan Head a comparu aux côtés de l’un des retraités ayant perdu sa propriété. Tous deux ont plaidé non coupables et les témoins de l’affaire seront entendus en août. L’avocat à l’origine de l’accusation judiciaire apparaît dans le reportage de la BBC, qui explique que la femme de Ian Rance, l’un des retraités, a imité sa signature pour le retirer de la direction de l’entreprise avec laquelle il avait acheté leur maison, avant de vendre celle-ci.

 

Si la femme du retraité a écopé de quatre ans de prison pour faux en écriture, Pratuan Thanarak aurait admis avoir certifié conforme la signature de Ian Rance en son absence. L’avocat a poursuivi le journaliste pour diffamation, expliquant que ce rapport lui avait valu « des insultes et de la haine ».

 

En Thaïlande, les actes de diffamation relèvent du pénal et non du tribunal civil comme dans la plupart des pays. Les deux accusés risquent une peine de deux ans de prison, tandis que le journaliste est sous la menace d’une peine additionnelle pouvant aller jusqu’à cinq ans de détention pour avoir enfreint l’Acte sur la Cybercriminalité, arme légale qui vise à contrôler tout ce qui est publié sur internet et jugé illégal par les autorités.

 

En Thaïlande, les activistes qui luttent pour la défense de l’environnement et les lobbies industriels, aux côtés des journalistes thaïlandais et étrangers, sont régulièrement poursuivis pour diffamation.

 

Jonathan Head, l’un des correspondants étrangers les plus prolifiques et les plus respectés du royaume, a souvent été la cible de critiques de la part du gouvernement thaïlandais pour ses reportages sur la politique locale jugés « biaisés » par les pro-conservateurs.

 

Le portrait du nouveau roi Vajiralongkorn, publié sur le site de la BBC et censuré en Thaïlande, a valu à Pai Daodin, un activiste étudiant pro-démocratie, d’être emprisonné pour avoir « liké » et partagé l’article sur sa page Facebook.

 

Avant le journaliste britannique, d’autres étrangers ont été la cible de poursuites en diffamation. Andrey Drummond, un autre journaliste britannique spécialisé dans les réseaux criminels étrangers et résident de longue date en Thaïlande, envoyé devant les tribunaux une douzaine de fois, a quitté le royaume avec sa famille après avoir reçu une série de menaces.

 

C’est également le cas d’Andy Hall, un activiste anglais condamné pour diffamation à une peine suspendue de trois ans de prison après avoir dénoncé, dans un rapport publié par l’ONG Finnwatch, les abus des droits de l’homme dont ont été victimes des travailleurs immigrés dans des usines de transformation d’ananas et d’élevage de poulets exportés en Europe et en Amérique du Nord.

 

Autre cas notoire, celui de Alan Morison, fondateur de Phuketwan, un site d’informations en ligne sur la Thaïlande, poursuivi avec sa collègue thaïlandaise par la Royal Thai Navy suite à un article dénonçant le trafic de Rohingyas. Si la cour criminelle a donné raison aux deux journalistes, l’Australien a laissé toutes ses économies dans la bataille juridique et a été contraint de fermer son site.

 

Le Haut Commissariat aux Réfugiés des Nations Unies et de nombreuses organisations internationales comme Human Watch ont régulièrement dénoncé les poursuites pénales contre les activistes et les journalistes dans le royaume, en appelant le gouvernement thaïlandais à respecter la liberté d’expression et les droits de l’homme.

 

La Thaïlande, sous la menace d’une interdiction d’importation de l’Union européenne, a été contrainte en 2016 de réformer son industrie de la pêche afin d’arrêter les pratiques d’esclavage révélés par un reportage d’Associated Press qui a choqué le monde entier.

 

La traite des Rohingyas, retenus prisonniers dans des camps dans la jungle à la frontière malaise, avait aussi révélé l’étendue du problème du trafic humain dans le royaume.

 

En réponse à ces critiques, la dictature militaire, qui gouverne avec autorité le pays depuis mai 2014, a renforcé la loi sur la cybercriminalité, rendant de plus en plus compliqué le travail des journalistes et des activistes qui veulent alerter l’opinion sur ce qui se passe en Thaïlande, alors que la liberté d’expression est aussi mise à mal par la loi de lèse-majesté la plus sévère au monde. Toute personne insultant la monarchie risque jusqu’à 15 ans de prison.

 

Le nombre exact de personnes actuellement en prison en Thaïlande pour lèse-majesté, diffamation ou pour cybercriminalité n’est pas connu.

 

M.C. (avec E.G.)

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