Un abattoir spécialisé dans la viande de tigre a été démantelé en République Tchèque. Pour les organisations spécialisées dans la défense des animaux sauvages, cette affaire n’est pas un cas isolé. Elle confirme l’existence d’un véritable trafic entre l’Europe et l’Asie.
Un abattoir clandestin spécialisé dans le « tigre » a été découvert en République tchèque, près de Prague, il y a quelques mois de cela.
Les enquêteurs de l’inspection tchèque de l’environnement (CEI) qui ont découvert les lieux, évoquent un triste spectacle avec une large marmite remplie d’os et de viande, de restes d’animaux entassés dans un réfrigérateur.
L’enquête a révélé que le propriétaire d’un cirque tchèque possédant le plus grand élevage de tigres du pays, se chargeait d’alimenter l’abattoir, en tigres.
Un homme d’origine vietnamienne assurait quant à lui la commercialisation auprès de clients basés au Vietnam.
Le business était lucratif à lire L’Obs.
Les peaux se vendait de 2.000 à 4.000 euros, pièce et les griffes étaient facturées 100 euros.
En ce qui concerne les os, ils étaient réduits en de petits bouillons cubes et vendus 60 euros le gramme car très prisés par la médecine traditionnelle chinoise.
Ces « cubes » entrent, notamment, dans la composition du « vin de tigre » qui est censé avoir des vertus aphrodisiaques.
Un tigre fournit de 10 à 12 kilos de matière « exploitable ».
En Thaïlande, une triste affaire de trafic de viande de tigre a entrainé en 2017 la fermeture d’un temple connu pour héberger des félins.
Cette affaire pourrait sembler anecdotique mais elle ne l’est pas.
Selon la CEI, le commerce illégal de produits à base de tigre se développe en Europe, même s’il y a une volonté affirmée de vouloir protéger les espèces sauvages à l’image des interdictions frappant les cirques les utilisant dans leurs spectacles.
« L’élevage et le commerce des tigres sont autorisés dans l’UE mais l’absence de documentation empêche de déterminer, précisément, le nombre de ces tigres vivant en captivité.
Toute une partie de ces activités sont hors contrôle », explique l’association de défense des animaux Four Paws qui plaide pour une interdiction de ce commerce.
La structure précise également que le marché européen du tigre n’est pas la chasse gardée des pays de l’est.
Des pays comme la France ou la Belgique sont cités comme abritant des activités illégales en la matière.
La situation est comparable en Asie.
D’après une enquête réalisée par l’organisation Wildlife Justice Commission, en 2016, au Vietnam, National Geographic indique que 8 000 tigres vivent en captivité dans des fermes chinoises, laotiennes, thaïlandaises et vietnamiennes.
Certaines d’entre elles disposent d’une autorisation des gouvernements nationaux car considérés comme des zoos, des sanctuaires de faune et des lieux touristiques.
Mais « de nombreux établissements s’apparentent à des fermes industrielles, où les tigres sont élevés intensivement comme le bétail, afin de satisfaire principalement une demande en parties de tigres principalement chinoise et vietnamienne », précise le magazine.
En octobre dernier, la Chine a envisagé autoriser à nouveau les produits à base de tigre (et de rhinocéros) avant de faire marche arrière et d’annoncer, il y a quelques semaines, que les interdictions seraient maintenues, en tout cas pour l’instant.
Le traitement européen de la viande de tigre acheminée clandestinement apporte des réponses à ce «marché» : « La croyance que les tigres d’Europe sont plus grands et plus forts, est répandue en Asie.
Comme pour les voitures, l’origine européenne est synonyme de qualité.
Les commerçants asiatiques spécialisés dans le commerce d’animaux sauvages le disent ouvertement, leurs clients préfèrent les ’Euro-Tigres’ », précise Kieran Harkin, de l’association Four Paws, dans un communiqué.
Selon les experts, il reste moins de 4.000 tigres vivant en liberté dans le monde.
Au Cambodge, où le tigre a disparu il y a une dizaine d’années, un programme visant à les réintroduire à l’état sauvage est activé.
Mais les spécialistes du félin craignent déjà que cela ne réactive la contrebande, rapporte Cambodge Mag.
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Fabrice Barbian
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