Figure connue et respectée des médias thaïlandais, Pravit Rojanaphruk, reporter au journal en ligne Khaosok English, a été récompensé par le CPJ (Comité pour la Protection des Journalistes) pour ses prises de position contre les atteintes à la liberté de la presse en Thaïlande. La section thaïlandaise de l’UPF (Union Internationale de la Presse Francophone) a salué cette décision alors que la liberté d’expression est de plus en plus menacée dans le royaume.
Editorialiste pendant vingt ans au quotidien anglophone The Nation, Pravit avait été contraint de démissionner sous la pression du régime militaire, avant de rejoindre Khaosok English, journal en ligne créé en 2013 et connu pour ses critiques envers la dictature du général Prayuth Chan-ocha, qui a renversé le gouvernement élu de Yingkuck Shinawatra en mai 2014.
Arrêté à deux reprises et brièvement incarcéré pour avoir rédigé des articles « qui portent à confusion et qui vont à l’encontre des efforts (du régime) de maintenir l’ordre public », Pravit a été forcé de signer une lettre dans laquelle il s’engageait à ne plus critiquer la dictature.En mai 2016, la junte l’a empêché de se rendre à Helsinki pour participer au World Press Freedom Day organisé par l’Unesco.
Mais le journaliste, fervent défenseur des valeurs de la démocratie, a maintenu son ton critique et continué de commenter la façon dont le régime militaire avait renforcé l’application de la loi de lèse majesté, la plus sévère au monde, et légiféré afin de museler progressivement la presse et les prises d’opinions critiques envers la junte, notamment sur les réseaux sociaux.
Depuis l’arrivée au pouvoir de Prayuth Chan-ocha, des dizaines d’opposants au régime ont été condamnés à de lourdes peines de prison pour lèse-majesté ou tentative de sédition. « Nous saluons l’attribution du Prix International de la Liberté de la Presse à Pravit Rojanaphruk », a réagi Philippe Plénacoste, président de la section thaïlandaise de l’Union Internationale de la Presse Francophone (UPF), alors que le chef de la junte vient de proférer de nouvelles menaces contre les internautes qui critiquent le régime. « Cette récompense montre aussi à quel point il est difficile aujourd’hui pour les journalistes thaïlandais d’exercer leur métier librement et aux citoyens thaïlandais de donner leur opinion », a-t-il conclu.
M.C.