Fait souvent méconnu du public, le Laos est l’un des pays qui a été le plus bombardé au monde et qui compte encore aujourd’hui de nombreuses munitions explosives non explosées (UXO) et en particulier des bombes à sous-munitions qui ont occasionné plus de 12 000 victimes depuis la fin de la guerre en 1973.
Résidus des bombardements américains qui se sont déroulés au Laos entre 1964 et 1973 durant la guerre du Viêtnam, on estime aujourd’hui à plus de 78 millions le nombre d’UXO répartis dans les dix-sept provinces du pays, et, chaque année, plusieurs centaines de victimes sont recensées, dont plus de la moitié sont des enfants.
Dans le cadre de la convention d’Oslo contre les bombes à sousmunitions, entrée en vigueur le 1er août dernier, le Laos s’apprête à accueillir, du 9 au 12 novembre prochains, la première Assemblée des états signataires de la convention. Un millier de représentants des 108 pays signataires, ainsi que des représentants d’ONG internationales, de la société civile et des survivants, sont attendus dans la capitale pour adopter le Plan d’action de Vientiane et prendre des mesures pour éradiquer les bombes à sousmunitions qui font encore chaque année des milliers de victimes à travers le monde.
Ayant enfin accès à une tribune internationale pour alerter et mobiliser l’opinion publique sur ce fléau, les agences gouvernementales laotiennes (NRA, UXO Lao), ainsi que les différentes ONG travaillant sur les UXO au Laos (MAG, Handicap International, COPE, etc.) se préparent donc à cet événement et souhaitent éveiller les consciences sur les conséquences désastreuses des UXO sur le mode de vie socio-économique de la population laotienne.
Problème persistant des villages reculés du Laos où les populations sont frappées par une grande pauvreté, la recherche et la vente du métal des UXO peut rapporter aux familles des revenus substantiels, ce qui place les chercheurs de ce métal dans les populations à risque les plus vulnérables. Entre autres projets et organisations non gouvernementales travaillant sur les UXO au Laos, COPE (Cooperative Orthotic and Prosthetic Enterprise) oeuvre plus particulièrement pour l’assistance aux victimes et reçoit, au Centre National de réhabilitation à Vientiane, les personnes ayant subi de graves blessures suite à l’explosion d’UXO. Le centre de COPE leur offre, outre une première assistance médicale, des prothèses, des fauteuils roulants et des tricycles fabriqués sur place afin que ces victimes puissent retrouver leur mobilité et une réinsertion durable dans la société.
Comme chaque année, COPE a organisé le 16 octobre dernier un concert de charité au profit des victimes des UXO qui regroupait six groupes très populaires. Ce concert annuel, qui attire une foule toujours plus nombreuse, avait cette année pour seul mot d’ordre: « l’interdiction des bombes à sous-munitions » à l’approche de l’Assemblée des Etats parties du mois de novembre, avec le soutien de la CMC (Coalition internationale contre les bombes à sousmunitions).
Pour ceux et celles qui n’étaient pas au concert, mais aussi pour tous les visiteurs de passage à Vientiane qui souhaiteraient en savoir davantage sur le sujet, COPE propose un lieu unique au Laos, le « COPE Visitors’Centre », au sein du Centre national de réhabilitation, où vous pourrez découvrir une exposition permanente sur les UXO et l’assistance aux victimes, très complète, intéressante et dynamique, présentée par une équipe de choc, enthousiaste et engagée. Des films et documentaires retraçant l’histoire de survivants et expliquant le contexte des UXO au Laos sont aussi diffusés au centre. L’entrée est libre. A la sortie, si le coeur vous en dit, n’hésitez pas à acheter une carte postale dont le prix correspond à la fabrication d’une prothèse pour une victime, un cadeau à la fois original et utile.
MAUD JÄDERHOLM