Le produit intérieur brut (PIB) du Vietnam a enregistré une croissance de 6,9 % au premier trimestre 2025 en glissement annuel, confirmant une dynamique stable par rapport aux 7,6 % du quatrième trimestre 2024 et aux 7,1 % de l’ensemble de l’année précédente. Cette performance repose avant tout sur la solide progression du secteur manufacturier (+9,3 %) et des services (+7,7 %), qui ont largement compensé la croissance plus modérée de l’agriculture (+3,7 %) ainsi que la forte contraction du secteur minier (-5,8 %).
Les autorités ont réaffirmé leur objectif ambitieux d’une croissance de 8 % pour l’année, avec des prévisions de 8,3 % aux trimestres 2et 3 et 8,4 % au quatrième trimestre. Toutefois, ces projections semblent ne pas encore prendre en compte l’impact potentiel des nouveaux droits de douane américains de 46 %, qui placent le Vietnam parmi les pays les plus affectés.
Vers une désescalade commerciale avec les États-Unis ?
Disposant de marges de manœuvre limitées, le Vietnam s’efforce activement de contenir les effets des barrières commerciales par le biais du dialogue bilatéral. Le 4 avril, le secrétaire général To Lam s’est entretenu par téléphone avec le président américain Donald Trump, qui a qualifié l’échange de « productif ».
Dans cette optique, le Vietnam a proposé plusieurs concessions : ramener à 0 % les droits de douane appliqués aux exportations américaines — contre un taux moyen actuel de 9,4 %, selon les données 2023 de l’OMC pour la nation la plus favorisée —, accroître ses importations en provenance des États-Unis (notamment de GNL, de produits agricoles et de technologies de pointe), et faciliter l’accès au marché vietnamien pour les entreprises américaines.
Le gouvernement vietnamien a également demandé un report d’au moins 45 jours de l’application du nouveau droit de 46 %, en espérant qu’une rencontre en personne entre dirigeants puisse avoir lieu à Washington d’ici la fin mai.
Impact attendu sur la croissance et limites du détournement commercial
Le ralentissement des exportations vers les États-Unis, premier partenaire commercial du Vietnam, pourrait avoir un impact notable sur la croissance économique. En effet, une baisse de 10 % des exportations vietnamiennes vers ce marché pourrait entraîner une réduction du PIB d’environ 70 points de base, selon la sensibilité des produits concernés.
Les effets de détournement commercial apparaissent désormais limités en raison de plusieurs facteurs. D’une part, les écarts tarifaires entre la Chine et le Vietnam se sont réduits, ce qui atténue l’attrait du Vietnam comme alternative. D’autre part, un grand nombre d’entreprises ont déjà établi leurs bases au Vietnam au cours de la dernière décennie, ce qui limite les opportunités supplémentaires de réorientation commerciale.
Entre 2015-2017 et 2023-2024, la part du Vietnam dans les importations américaines est passée de 1,9 % à 4 %, avec des hausses marquées dans des secteurs comme les chaussures, l’électronique ou les textiles.
Le Vietnam prudent face aux investissements de réorientation
Le cas des panneaux solaires illustre cette prudence croissante. Après l’imposition, en octobre 2024, de droits de douane proches de 300 % à quatre entreprises vietnamiennes (dans le cadre d’une enquête visant également la Thaïlande, la Malaisie et le Cambodge), les exportations mensuelles vers les États-Unis se sont effondrées, passant de plus de 500 millions à seulement 35 millions de dollars entre novembre 2024 et janvier 2025.
Ce précédent incite les autorités vietnamiennes à une vigilance accrue quant aux investissements directs étrangers destinés à contourner les mesures protectionnistes américaines.
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vu l’importance stratégique du Vietnam, accord possible moyennant l’implentation d’une base militaire en échange d’avantages commerciaux ?