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VIETNAM – FRANCE : De Dien Bien Phu à ma Tonkinoise

Date de publication : 12/05/2024
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Joséphine Baker

 

L’anniversaire de la bataille de Dien Bien Phu continue d’inspirer nos lecteurs. La preuve…

 

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Notre contributeur évoque un aspect de la France coloniale et regrette que Mme de Gallard les aient mis sous le boisseau.

 

Une France coloniale adepte de la sexualité coloniale qualifiée d’”exotique” dont les aspects furent divers d’ A.Gide aux BMC (catégorie que j’avais oubliés dans un de mes commentaires sur les “love hotels”). Cette réalité a emprunté une galaxie verbale assez “riche”. Mais toujours la femme colonisée, parfois assimilée aux “cannibales” s’enflammant aux regard du bel officier de passage ou du colon endurci.

 

La chanson française a excellé dans l’évocation de ces femmes indigènes lascives, dévergondées mais expertes en amour au contact desquelles l’européen aime s’avilir et… sombrer.

 

Le colonial succombe auprès de la moukère, de la fatma, de la bédouine et sous les cieux asiatiques, de la mousso, et, au panthéon, la congaï, “petite femme”, réputées “de petite taille” et de “petite vertu”. Le narratif de l’amour colonial est dicté d’avance : une flamme qu’éveille le regard enivré et chauffé à blanc de l’officier, l’amour sans joie et, pour finir, le départ de l’amant et de la troupe engloutissant l’amour d’une nuit.

 

Dans l’étalage des fantasmes érotiques de l’homme blanc, la chanson occupe une bonne place et parmi elle, “la petite tonkinoise” chantée par de nombreux interprètes, la plus célèbre étant, en 1930, Joséphine Baker. Sa panthéonisation récente serait-elle la consécration de la France coloniale et d’un aspect de “la culture française qui n’existe pas” ? Le mieux est d’en apprécier les paroles, pour les interprétations, YouTube est un auxiliaire indispensable… Allons y…

 

C’est moi qui suis sa petite
Son Anana, son Anana, son Anammite
Je suis vive, je suis charmante
Comme un p’tit z’oiseau qui chante
Il m’appelle sa p’tite bourgeoise
Sa Tonkiki, sa Tonkiki, sa Tonkinoise
D’autres lui font les doux yeux
Mais c’est moi qu’il aime le mieux

 

L’soir on cause d’un tas d’choses
Avant de se mettre au pieu
J’apprends la géographie
D’la Chine et d’la Mandchourie
Les frontières, les rivières
Le Fleuve Jaune et le Fleuve Bleu
Y a même l’Amour c’est curieux
Qu’arrose l’Empire du Milieu

etc…

 

Pour les amateurs inconditionnels et à condition de traverser le golfe du Bengale , on ira visiter les comptoirs de l’Inde, son chandernagor râblé, son yannon rond et frais, son petit Mahé fragile, et le Pondichéry facile… Pas question, dans ces conditions de quitter les comptoirs de l’Inde si bien interprétés par Juliette Gréco ou Guy Béart.

 

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2 Commentaires

  1. Un choix des “panthéonisables” pour leurs “actions républicaines “… Sans doute si l’on prend soin de définir une “action républicaine”. Aux “Grands hommes la patrie reconnaissante” est-il écrit sur le fronton du Panthéon ce qui diffère quelque peu. Certains “panthénonisés” ne se sont pas illustrés par leur “républicanisme”… Que J. Baker ait coché les cases des valeurs républicaines personne n’en doute surtout à partir de 1940. Elle s’est également manifestée dans l’illustration de la France coloniale dans ses archétypes qui aujourd’hui apparaissent comme l’expression du racisme colonial. Le jugement qui peut être celui d’aujourd’hui n’était ni vu ni interprété comme tel dans les années 20-30. Donc pas d’anachronisme ni de déni ou d’escamotage… De plus la colonisation était dès le début et à cette époque une entreprise parfaitement républicaine destinée à promouvoir des valeurs définies comme universelles. Il n’empêche que l’exposition coloniale de 1930 s’est illustrée par les “Zoos humains”. La France était fière d’exposer les “possessions” de son empire colonial à qui le terme d’humain était dénié et ce au nom de universalisme colonisateur. Deux références parmi les très nombreuses pour éclairer ceux qui ont peu de culture : “Zoos humains XIX et XXéme siècle, de P. Blanchard et autres (ed La Découverte, 2002), “Le livre noir du colonialisme : XVI- XXIème siècle : de l’extermination à la repentance, Ed Hachette Littérature, 2003. Et pour ceux qui auraient quelques difficultés pour comprendre la langue française : “La Vénus noire” d’Abellatif Kechiche, un film de 2003 qui donne la mesure de la violence coloniale à propos de l’histoire de la “Vénus hottentote”. Les décolonisations ont, depuis, modifié les points de vue et les angles d’approche. Les études “décoloniales” ont mis à nu les narratifs coloniaux et colonisateurs dans toutes leurs dimensions, explicites et implicites. Cette époque a cultivé et diffusé les stéréotypes attribués aux populations dominées et racisées. Que J. Baker ait subi cette expérience aux États-Unis qu’elle ait fuit pour trouver un havre de liberté comme elle le dit elle-même est d’autant plus paradoxal. Pour ne prendre que la chanson, “la tonkinoise” qu’elle n’est pas la seule à avoir interprété et bien après, les stéréotypes sont tous réunis : l’indigène est une femme, ici une femme d’Indochine mais stigmatisée par une autre femme mais noire. Une femme soumise à la domination des “blancs”. Ces” blancs” étaient essentiellement des militaires affectés à l’entreprise coloniale. Des femmes “indigènes” affectées au “moral des troupes” et à leur entretien notamment sexuel dont la mission étaient la domination coloniale, que par leurs services elles favorisaient et perpétuaient. Ces représentations ont eu leurs pendants du côté du tirailleur sénégalais (et plus largement africain), rigolant et bannasse, un figure du “bon sauvage”, un peu primitif, interrompant un temps l’œuvre coloniale mortifère au pied de son arme en savourant sa fameuse tasse de “Banania” et de s’écrier “Y-A- BON” !. J. Baker ne fût pas en reste dans l’exhibition des bananes au sens érotique si évident qu’elle agitait autour de ses hanches dans ses danses si frénétiques. Autres temps autres lieu. Aujourd’hui ces représentations sont analysées dans leurs contextes qu’on ne peut dénier et que pour les femmes notamment elles illustrent ce qu’elles qualifient souvent par l’expression de “culture du viol”. Le viol des femmes pas seulement prostituées ont été un des carburants de l’entreprise militaire (et pas que) coloniale en Indochine et ailleurs en exprimant l’emprise maximale sur les corps et pas seulement le leur mais aussi celui des fruits de ces viols, enfants puis adultes rendus parias. Rendre J. Baker personnellement responsable n’est pas la question, elle est la marque d’une époque coloniale assumée et glorifiée et J. Baker s’y inscrit. Son accueil et son acceptation dans la société française passait sans doute par là. Cela n’enlève rien à ce que fût J. Baker par la suite et à ce qu’elle fit. La “panthéonisation” est-elle “méritée” pour autant ? Pourquoi pas ? D’autres candidats, d’autres candidates étaient en vue comme J Halimi. On se récria à cette idée du fait qu’elle aussi combattante anti-coloniale, mais… “du mauvais côté”. Alors exit… Alors pourquoi J. Baker ? La réponse se trouve certainement dans un décryptage des arcanes de la communication du Président de La République seul maître du choix. Et surtout ne pas se méprendre sur ceux et celles qui ont fait et font encore porter le chapeau sur la tête des tonkinoises…

  2. Bonsoir à vous, en lisant vos commentaires je pense que concernant Madame Joséphine Baker et sa panthéonisation, vous n’avez que peu de culture sachant que les grandes femmes et grands hommes dont les noms figurent au fronton du Temple de notre Nation ont été choisis pour leurs actions républicaines, cet angle semble vous être inconnu. Car sans les engagements de Madame Joséphine Baker, qui a chanté comme interprète la Petite Tonkinoise, et ceci malgré ce que vous voulez laisser croire par rapport au colonialisme. Bref, en tout cas pour une femme issue d’un pays où la ségrégation faisait loi, peu de ceux qui auraient pu s’engager à l’époque contre la barbarie nazie dont un grand nombre de français ralliées au pétainisme, alors vous devriez faire preuve de plus de culture, ou de reconnaissance alors que votre site reste une feuille parmi les feuilles. A bon entendeur. Madame Joséphine Baker considérait tout un chacun comme un être universel. Le doute m’habite en vous lisant, car vous semblez être très réducteur dans vos appréciations erronées qui plus est. Ne pas confondre tours et alentours, même si il est indéniable que le colonialisme a existé, mais ne vous méprenez pas sur ceux ou celles qui portent le chapeau du Tonkin.

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