Elle aura attendu la commémoration du 70ème anniversaire de la bataille de Dien Bien phu, qui s’était achevée le 7 mai 1954. Geneviève de Galard n’est plus.
Nous reproduisons ici l’hommage de la présidence de la République.
70 ans après la bataille qui fit sa gloire, « l’ange de Diên Biên Phu » nous a quittés, à 99 ans. Infirmière militaire et convoyeuse de l’air, Geneviève de Galard fit montre, aux pires heures de la guerre d’Indochine, d’un dévouement qui galvanisa les forces françaises.
Parmi ses ancêtres gascons figurait Hector de Galard, capitaine de Charles VII, qui inspira le valet de carreau de nos jeux de cartes. Cinq siècles plus tard, Geneviève, elle, allait jouer un rôle de dame de cœur dans la tragédie indochinoise.
De sa famille d’officiers, elle reçut en héritage le sens des autres. Son diplôme d’infirmière lui servit de prélude au concours de convoyeuse de l’armée de l’air, qu’elle obtint en 1952, à 27 ans.
Par idéalisme, par volonté de servir les blessés au plus près du danger, elle demanda à être affectée en Indochine, au cœur de la guerre qui opposait la France aux armées việt minh communistes. L’un des avions d’évacuation sanitaire qu’elle convoyait fut détruit par des tirs en atterrissant à Diên Biên Phu : la voilà projetée à l’épicentre du conflit, plaine cernée par la jungle et les troupes ennemies, huis-clos de l’histoire sans autre issue qu’une défaite de plus en plus inéluctable.
Durant deux mois, seule infirmière dans cette nasse tropicale où quinze mille hommes luttaient et mourraient, elle défia jour et nuit la précarité dérisoire des conditions sanitaires, opérant, consolant, accompagnant les mourants. Elle faisait mieux que soigner les corps, elle pansait les âmes. Son visage devint pour ses blessés celui de l’espoir.
Lorsque Diên Bien Phu tombe, en mai 1954, les douze mille soldats français survivants sont faits prisonniers, et Geneviève de Galard, malgré son refus de les quitter, est rapatriée en France. Alors sa silhouette vêtue d’une tenue de parachutiste fait la une des journaux et le tour du monde. La chronique de ses exploits exorcise le traumatisme de Diên Biên Phu, dont les trois syllabes fatidiques sonnent l’expansion du communisme et le glas de la présence française en Extrême-Orient. Parmi les lettres de remerciement qui affluent par milliers se glisse une invitation du congrès et du président américain. Fêtée comme une vedette, habillée par les grands couturiers, l’héroïne de 29 ans remonte Broadway sous une pluie de confettis, en ambassadrice de la France du courage. Le cœur en deuil dans les rues en liesse, elle ne pense qu’à ses camarades restés en captivité, dont un quart seulement reviendra vivant.
Dès qu’elle le peut, elle troque ses robes haute couture pour son fidèle uniforme, regagnant l’anonymat et le chemin du service. Lorsqu’elle clôture son journal aérien pour se consacrer à sa famille, il compte 1 500 heures de vol, dont 433 en missions de guerre.
Sa vie durant, elle continua à s’occuper des handicapés, en particulier au centre de rééducation des Invalides. En 1981, pour mieux aider les plus fragiles, elle devint conseillère à la mairie du XVIIe arrondissement de Paris, où elle montra que son altruisme était égal par temps de guerre ou de paix.
Le Président de la République salue une héroïne de la guerre d’Indochine qui consacra ses dernières années à transmettre son histoire, auprès des jeunes en particulier, et qui servit inlassablement son pays. Il adresse à son époux le colonel de Heaulme, à sa famille, à ses proches et à tous les anciens combattants d’Indochine ses condoléances émues.
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